SuisseBerne met en garde les réfugiés érythréens
Les autorités veulent empêcher que des requérants érythréens rentrent incognito dans leur pays, ce que la loi suisse interdit.

Les réfugiés érythréens tentés de rentrer dans leur pays le temps d'un séjour risquent gros s'ils se sont attraper en Suisse.
photo: Kein AnbieterL'Erythrée va célébrer en grande pompe les 25 ans de l'indépendance du pays, avec force évènements et autres manifestations culturelles. Et la diaspora se presse pour assister aux réjouissances mais Berne soupçonne que des Erythréens bénéficiant du statut de réfugiés en Suisse ne cherchent à s'y rendre en toute discrétion.
Contacté par la Basler Zeitung, le secrétariat d'Etat aux migrations (SEM) a été prévenu que «des Erythréens ayant obtenu l'asile en Suisse cherchent à se rendre en Erythrée», a confirmé la porte-parole Léa Wertheimer.
Ce genre de séjour est également interdit aux réfugiés et aux requérants d'asile. Si une infraction devait être prouvée, ces personnes perdraient leur statut, prévient Léa Wertheimer.
Des visas contre de l'argent
Les autorités suisses veulent ainsi combattre l'impression qu'une grande partie des requérants d'asile abusent du système. Un point qui avait déjà fait l'objet d'une motion au Parlement. Le Conseil fédéral avait alors dû reconnaître que ces voyages étaient difficiles à sanctionner parce que les autorités n'en avaient pas connaissance.
Les Erythréens ont appris à contourner cette restriction, avec l'aide du gouvernement d'Asmara. Afin de rentrer incognito en Erythrée, les ambassades dans les pays voisins de la Suisse délivrent des autorisations de voyage contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Un système mis en place par le gouvernement erythréen pour obtenir des devises étrangères et que certains associent à du racket. Les Erythréens obtiennent ces documents en affirmant qu'ils vont rendre visite à des proches en France, Allemagne ou Italie, ce que permet la loi en Suisse.
Berne veut serrer la vis
Mais le ton a changé à Berne et le gouvernement veut empêcher ces séjours en Erythrée. «Les autorités fédérales ont pris des mesures pour dépister les retours au pays des Erythréens et le cas échéant, d'y appliquer des sanctions», avertit Léa Wertheimer, qui se refuse à donner plus de détails sur les mesures prises.
Le Secrétariat d'Etat aux migrations traite chaque année une vingtaine de cas douteux. Les chiffres du SEM montrent que les Erythréens ont déposé 15'000 demandes de voyages depuis 2011.
Pour se marier
Toni Locher, gynécologue à Wettingen, officie également comme consul honoraire de l'Erythrée en Suisse. Il se trouve actuellement à Asmara et affirme que depuis son arrivée, «j'ai rencontré des dizaines d'Erythréens qui vivent en Suisse. Et il y en a certains qui ne devraient pas être ici», a-t-il indiqué par téléphone au journal bâlois.
Il s'agit souvent de rendre visite à la famille et à des proches encore dans le pays mais pas seulement. «En Suisse, les jeunes hommes trouvent difficilement des épouses. Ils se rendent donc à Asmara pour se marier et dans la ville, il y a une très grosse offre», ajoute Toni Locher.