Berne s'inquiète de la propagande turque

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Des politiciens suisses craignent de voir le régime turc influencer la scolarité de sa diaspora hors de ses frontières. Ils exigent des mesures.

smk/nxp
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Le spectacle donné à Utwil (TG) n'a pas été du goût des politiciens suisses.

Le spectacle donné à Utwil (TG) n'a pas été du goût des politiciens suisses.

Screenshot Blick

Le spectacle donné par des petits Turcs à Utwil (TG) continue de faire des vagues en Suisse. La Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP) va se pencher sur les «cours de langue et de culture d'origine» (LCO), comme l'explique le Tages-Anzeiger dans son édition du 14 mai 2018.

Pour rappel, le 25 mars dernier, des enfants ont rejoué à Utwil la bataille de Gallipoli qui a opposé en 1915 l'Empire ottoman et les troupes franco-britanniques dans la péninsule de Gallipoli, dans l'actuelle Turquie, durant la Première guerre mondiale. Ils ont tiré avec des armes factices, mimé des morts reposant sur le champ de bataille le corps recouvert d'un drapeau turc, glorifié l'Empire ottoman et crié des slogans pour la patrie.

Silvia Steiner, présidente de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP), n'a en tout cas pas apprécié le spectacle. Donné dans le cadre des LCO, il aurait dû être «politiquement et confessionnellement neutre». «Nous en parlerons lors de la prochaine séance du comité de direction de la CDIP», a-t-elle déclaré.

Mais ses moyens sont limités: les cours du week-end ne sont en effet pas du ressort des autorités de l'éducation. «Comme pour des évènements privés, nous ne nous en mêlons pas», pour autant que le cadre légal soit respecté.

Des écoles turques en Suisse

Berne risque d'avoir fort à faire durant les mois à venir. Selon la SonntagsBlick, le ministère des Turcs de l'étranger a lancé un important programme d'enseignement turc dans 15 pays, dont la Suisse, afin d'empêcher l'assimilation de ses jeunes expatriés. Il s'agit d'enseigner durant le week-end l'histoire turque sous le prisme de l'islam et de l'empire ottoman. Selon certaines sources, Ankara aimerait ouvrir en Suisse une dizaine de classes.

Le conseiller national Peter Keller (UDC/NW) ne cache pas son inquiétude. «C'est ainsi que l'on crée des sociétés parallèles avec un islam agressif. Nous n'en voulons pas en Suisse.» Il exige des mesures concernant les LCO, notamment sur le contenu et les enseignants.

Son collègue du National Matthias Aebischer (PS/BE) voit avec inquiétude Recep Tayyip Erdogan et son parti, l'AKP, ouvrir des écoles en Suisse. Mais pour lui, «contrairement à la Turquie, la liberté d'expression doit prévaloir.» Avec des limites toutefois, notamment sur le génocide des Arméniens.

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