ThurgovieChevaux maltraités: l'éleveur était subventionné
L'homme dont les bêtes ont été évacuées mardi, touchait des subventions. Or, tout le monde savait qu'il maltraitait les animaux.
L'affaire choque fortement en Suisse alémanique. Les médias relaient tous, ce mercredi, l'évacuation vers un centre militaire à Schönbühl (BE) de 90 chevaux d'un éleveur qui maltraitait ses animaux à Hefenhofen (TG). Et pas seulement des chevaux, puisque une centaine de porcs, 50 boeufs, une douzaine de moutons, trois chèvres et quelques lamas ont également été placés ailleurs.
L'homme, âgé de 49 ans, a en effet été plusieurs fois condamné pour mauvais traitements envers les animaux. Mais, relève le Tages-Anzeigerqui s'est fait confirmer ces dires par les autorités cantonales thurgoviennes, il continuait de recevoir des paiements directs agricoles. Impossible cependant de savoir combien l'homme a touché ces dernières années.
D'autres élevages ailleurs
De son côté, le Blickrelève que l'agriculteur posséderait d'autres élevages ailleurs qu'en Thurgovie. Notamment aux Grisons, près de Davos, où il possèderait au moins six chevaux. Deux sont extrêmement maigres, relève le journal.
Et le journal le souligne: tout le monde se rendait compte des maltraitances infligées à ses bêtes par l'éleveur. Mais personne n'a rien dit ou osé dire. L'homme était violent. Au cours des 9 derniers mois, l'exploitation a été contrôlée à plusieurs reprises. A chaque contrôle, les fonctionnaires ont été insultés, menacés et entravés dans leur travail, plus particulièrement le vétérinaire cantonal, a expliqué mardi le chef du Département de l'intérieur et de l'économie de Thurgovie. Les contrôles étaient effectués à chaque fois sous protection policière.
Une chose est sûre: cette affaire remet en question la protection des animaux, relève pour sa part la Neue Zürcher Zeitung. Car beaucoup de monde se demande aujourd'hui comment l'éleveur a pu aller si loin dans la maltraitance envers ses bêtes dans un pays comme la Suisse, alors que les autorités étaient informées.
Plus d'inspections inopinées?
Faut-il dès lors renforcer la loi sur la protection des animaux? Rien n'est moins sûr, souligne la NZZ. Selon les premiers constats des organisations de protection des animaux, il n'existe pas dans la loi une faille qui permettrait à de telles fermes d'échapper à tout contrôle. «Ses bases sont bonnes», selon le directeur de la Protection suisse des animaux (PSA). Hans-Ulrich Huber ne réclame donc pas de contrôles plus stricts. Il souhaiterait en revanche davantage d'inspections inopinées chez des éleveurs supposés à risque. «Les contrôleurs sentent parfaitement qui peut poser problème», dit-il à la NZZ.
Le directeur de la PSA relève un autre problème, d'ordre politique cette fois. Il mentionne ainsi le cas d'un vétérinaire cantonal par intérim qui n'a pas reçu l'aval du conseiller d'Etat en charge du département, car celui-ci, proche des milieux paysans, aurait eu peur de déplaire à son électorat.