SuisseInterdiction du sexe tarifé? Des députés dupés
«Schweiz am Sonntag» a écrit que 43 parlementaires soutenaient l'interdiction du plus vieux métier du monde. Or, il n'en est rien. Certains s'estiment instrumentalisés.

43 conseillers nationaux de gauche comme de droite aimeraient faire interdire le plus vieux métier du monde.
Marianne Streiff, du Parti évangélique, posait dimanche dans les colonnes de «Schweiz am Sonntag» en tant que figure de proue des opposants au commerce sexuel. La conseillère nationale bernoise y était présentée comme le leader d'un courant drainant 42 de ses collègues, femmes et hommes de presque tous les partis (Verts, PS, PDC, PLR, Vert'libéraux, PBD, UDC). Des adversaires politiques comme l'UDC Oskar Freysinger et la socialiste Maria Roth-Bernasconi se trouvaient réunis dans ce combat.
Or, la réalité est différente. «Je suis opposée à l'interdiction, affirme la députée genevoise. J'ai approuvé un postulat qui vise à éradiquer la traite des femmes. Je suis favorable à un renforcement de la loi contre l'esclavagisme.»
Déposé en décembre 2012, le postulat de Marianne Streiff, «Mettre un terme à la traite d'êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle», demande un rapport au Conseil fédéral sur ces trafics. L'enquête du gouvernement, attendue pour 2015, permettra éventuellement d'examiner s'il est réalisable ou non d'interdire le sexe tarifé.
«Contrairement à Marianne Streiff, je suis contre la prohibition, tempête le socialiste Carlo Sommaruga. J'ai le sentiment d'avoir été manipulé dans le contexte de l'actualité zurichoise.» En effet, la semaine passée, cinq policiers municipaux de la brigade des mœurs ont été arrêtés. Ils sont soupçonnés de corruption passive et d'abus d'autorité.
Opposition à la clandestinité
«Il est totalement irréaliste de vouloir abolir la prostitution», déclare Sylvie Mathys, avocate et présidente dAspasie, association de prostituées à Genève, en réaction à larticle de «Schweiz am Sonntag». «Linterdiction de pratiquer cette activité, légale en droit suisse à certaines conditions, aurait pour conséquence de plonger les personnes qui lexercent dans la clandestinité.» Selon la militante, cela augmenterait les possibilités dabus envers les professionnelles en les privant de la possibilité de se défendre.