BerneDes patients dangereux trop libres
Un ancien employé de la clinique de psychiatrie médico-légale Etoine a alerté les autorités sur des failles de sécurité. Le Canton a ouvert une enquête.
«Les portes des cellules ne peuvent pas être fermées, parce que le Département de la Santé y applique les mêmes règles que dans un hôpital. Et les grillages sont si bas qu'on peut passer par dessus sans problèmes à plusieurs endroits.» Fabian K.* a expliqué à «Blick» pourquoi il a décidé de saisir les autorités.
La clinique Etoine, gérée par le service de psychiatrie de l'Université de Berne, soigne des patients avec une forte propension à la violence, des meurtriers et des violeurs. Mais sa gestion de la sécurité est, pour l'ex-employé, désastreuse. «Les clôtures ne sont pas équipées de capteurs, ni d'alarmes. Personne ne s'est encore échappé, mais ce n'est qu'une question de temps», s'inquiète Fabian.
L'homme a commencé son activité de gardien en 2011, à l'ouverture de la structure. Et très vite, il a compris que quelque chose n'allait pas. «On refusait de nous communiquer quel patient souffrait de quoi et à quel point ils étaient dangereux. Comment voulez-vous que nous fassions notre travail?» Avec deux collègues, ils s'en remettent à leurs supérieurs, mais rien ne bouge.
Enquête ouverte
Fabian adresse alors un rapport de dix pages au Conseil d'Etat, qui s'est immédiatement mis au travail. Le directeur de la santé Philippe Perrenoud a nommé l'ancien membre du gouvernement zougois Hanspeter Uster (Verts) pour diriger l'enquête.
Au Grand Conseil aussi, on s'inquiète. La députée UDC Sabrina Geissbühler-Strupler et ses collègues Thomas Knutti et Thomas Fuchs ont déposé une motion qui demande que la clinique soit placée sous la direction du Département de police. «Elle a été créée pour gérer les patients les plus dangereux. Un budget important lui a été alloué et maintenant, on nous annonce que les normes de sécurité ne sont pas respectées», s'insurge Sabrina Geissbühler. «Si tout ce que dénonce Fabian K. se révèle exact, c'est tout simplement choquant.»
Ni la direction d'Etoine ni le service psychiatrique de l'Université n'ont souhaité s'exprimer sur ces allégations. L'enquête durera jusqu'à février 2014.
* Nom connu de la rédaction