SuisseElectricité: les utilisateurs paient les investisseurs
La Fédération romande des consommateurs dénonce une pratique dont peu connaissent l'existence.

Pour la FRC, le consommateur paie pour ce qu'il ne devrait pas payer.
Lorsqu'on règle sa facture d'électricité, on ne paie pas que pour l'énergie consommée. Selon la Fédération romande des consommateurs (FRC), environ 12% de la somme annuelle est reversée aux bailleurs de fonds, qui investissent dans le réseau électrique. Sur une facture de 1000 fr., quelque 120 fr finissent donc dans la poche des investisseurs.
Ceci est dû à ce qu'on appelle le WACC (Weithed average cost of capital), un taux d'intérêt garanti sur les sommes immobilisées dans les installations électriques. Ce dernier, qui se monte à 4,7%, est fixé chaque année par l'Office fédéral de l'énergie (OFEN). Il n'a pas bougé depuis trois ans. «Cette valeur est totalement artificielle, critique Mathieu Fleury, secrétaire général de la FRC. Il s'agit d'un rendement immense par rapport aux risques. De plus, il ne suit pas la tendance à la baisse de ce que rapportent les investissements sur le marché boursier». Selon SwissElectricity, une entreprise spécialisée dans la gestion durable de l'énergie, que cite la FRC, un taux plus correct se situerait entre 1,89 et 2,72%.
«Ce n'est pas au consommateur de financer ce taux fixé arbitrairement, poursuit Mathieu Fleury. Il faut que Berne revoie ses calculs». Un courrier officiel en ce sens a été envoyé par la Fédération et ses pendants alémanique et tessinoise au Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication.
Un mal nécessaire à la stabilité des prix
Contacté, l'OFEN indique «être en train d'évaluer, avec un expert mandaté, si le calcul du WACC doit être revu pour 2017». Pour l'année prochaine, le taux restera donc à 4,7%. De son côté, l'association des entreprises électriques suisse, qui représente 90% des producteurs, distributeurs et négociants, argumente que «la méthode de calcul actuelle contribue à la stabilité des prix.» Surtout, cette incitation à investir est jugée nécessaire pour «garantir un approvisionnement optimal du pays.»