Un tiers des EMS feraient trop payer leurs résidents

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SuisseUn tiers des EMS feraient trop payer leurs résidents

Une retraitée zurichoise se bat contre une forte hausse des coûts à sa charge dans son home. De nombreuses institutions encaisseraient trop d'argent de leurs habitants.

Christine Talos
par
Christine Talos
Les résidents des EMS paieraient-ils trop de frais à leur charge?

Les résidents des EMS paieraient-ils trop de frais à leur charge?

Keystone

Ce n'est pas tous les jours qu'une pensionnaire se bat contre les tarifs d'une maison de retraite. C'est pourtant le cas de Luise K, bientôt 100 ans, qui s'indigne de la hausse des tarifs qu'elle a subi du jour au lendemain de la part du home de Urdorf, dans le canton de Zurich.

En effet, selon le «Tages-Anzeiger», la vieille dame proteste depuis 5 ans contre les autorités de la commune. A l'époque, celle-ci l'avait informée que sa pension à l'EMS allait augmenter de 30% après le déménagement du home dans de nouveaux locaux et qu'elle devrait en outre payer une taxe de 50 francs par jour. Surcoût à sa charge: 12'600 francs de plus par année, soit une hausse de 85%. Et les 91 locataires de la maison de retraite seraient dans la même situation.

Du coup, la retraitée a porté plainte avec l'aide d'un conseiller juridique. Car la vieille dame, qui a encore toute sa tête, sait très bien que les communes ne peuvent facturer aux pensionnaires du home que des coûts réels et non des prix «fantaisistes», explique le «Tagi».

Les pensionnaires paient toujours plus

Le quotidien zurichois estime que quelque 153'000 personnes vivent dans une maison de retraite en Suisse et que beaucoup vivent des situations similaires à celle de Luise. La facture de l'EMS grimpe sans que le confort en soit amélioré. Et de nombreuses personnes âgées ont peur désormais de ne pas savoir comment payer le home, sachant qu'il faut débourser au moins 6000 francs par mois même pour le plus modeste d'entre eux.

Le «Tages-Anzeiger» a passé au crible les données de 1552 homes en Suisse et les résultats montrent que le fardeau financier ne cesse de s'alourdir pour les pensionnaires. L'analyse montre clairement une hausse de la part que doivent payer les résidents, affirme-t-il.

Ce qui est injuste et incompréhensible, estime le «Tagi». Certes, les plus grosses dépenses d'un home sont les frais de personnel qui représentent à eux seuls 70 à 80% des coûts. Des coûts qui sont en constante hausse ces dernières années car d'une part la population vieillit, et quand les senior arrivent dans les homes, c'est parce qu'ils ont besoin de soins. Ce qui exige du personnel très bien formé.

Un tiers de homes seraient dans l'illégalité

Mais dans beaucoup de homes, c'est surtout la pension elle-même, soit la prise en charge, le lit, les repas, le personnel de ménage, et les sorties, qui a fortement renchéri, constate le «Tagi», preuve à l'appui.

Selon les chiffres analysés, un tiers des maisons de retraite font payer aux résidents bien plus d'argent que ce qu'ils coûtent réellement. Elles font donc du bénéfice sur le dos des pensionnaires. En revanche, elles présentent un déficit en ce qui concerne les soins pris en charge par les caisses et les pouvoirs publics. Du coup, le «Tagi» soupçonne que les homes bouchent leurs trous financiers grâce aux excédents payés par les résidents. Ce qui serait une violation de la loi sur l'assurance-maladie.

Ce financement croisé illégal existerait déjà dans certaines maisons de retraite, souligne le «Tages-Anzeiger» qui se dit toutefois surpris de l'ampleur des homes qui le pratiqueraient. Stefan Meierhans, soit Monsieur Prix en Suisse, estime qu'il y a là une forte indication que les coûts des soins non couverts par les pouvoirs publics sont répercutés sur les résidents, et ce à grande échelle. Le surveillant réclame dès lors des mesures immédiates, et souhaite que la loi exige beaucoup plus de transparence sur les coûts réels des homes.

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