BerneEx-fonctionnaire fédéral pédophile soigné via Skype
Un quinquagénaire a été jugé pour téléchargement de pédopornographie dure sur son lieu de travail, à la Fedpol. Entre-temps, il est parti aux Philippines.

L'homme a été découvert en 2013.
photo: Kein Anbieter/drL'affaire remonte à 2013. Une enquête du Service de coordination de la lutte contre la criminalité sur internet (SCOCI) avait établi qu'un employé de l'Office fédéral de la police (Fedpol) détenait sur son ordinateur privé pas moins de 1900 photos et 170 vidéos de pornographie dure mettant en scène des enfants, dont des nourrissons. Il avait été renvoyé sur-le-champ.
Le procès de cet homme, dont on ignore la fonction exacte au sein de la police fédérale, s'est tenu mardi à Berne. Jugé en procédure accélérée, il a été condamné à 56 jours-amende à 80 fr. ferme, à 224 jours à 80 fr. avec sursis et à suivre une thérapie, rapportait hier la «Berner Zeitung». Fait marquant: le prévenu n'était pas présent à l'audience.
Aujourd'hui établi aux Philippines, il a bénéficié d'une dérogation. «Je trouve très laid qu'il ne se soit pas présenté», s'est insurgée la présidente Bettina Bochsler, précisant qu'elle a longtemps hésité avant de lui accorder le droit d'être absent. Son installation à l'étranger l'a poussée à ordonner qu'il suive une thérapie à distance, probablement via Skype. Le tribunal s'est donné la mission de vérifier qu'elle se fera dans les règles de l'art.
Cette décision pose des questions. La juge a conclu en soulignant qu'elle avait «un sentiment nauséeux» en sachant que le prévenu s'était installé aux Philippines. Car, même si l'accusé prétend n'avoir aucun problème avec sa sexualité, «il y a des endroits plus anodins que les Philippines pour émigrer, quand on a des tendances pédophiles».
Pratique d'avenir?
La décision des juges bernois tombe à un moment où les professionnels de la santé s'interrogent sur l'utilisation des nouvelles technologies. La Fédération suisse et l'Association vaudoise des psychologues planchent sur la question. Qualité du traitement, responsabilité en cas de problème, gestion des relations avec les autorités étrangères: beaucoup de questions restent ouvertes. «Nous en sommes encore aux prémices de cette réflexion», confie l'association. Sans parler de première, elle souligne le caractère novateur de cette décision.