SuisseLa flexibilisation du travail franchit une étape
Les associations des employés ne s'opposent pas à une semaine de 60 heures, en échange d'une répartition annuelle flexible.

Le conseiller aux Etats Daniel Jositsch est aussi le président de la société des employés de commerce.
KeystoneLes employés devraient pouvoir travailler jusqu'à 60 heures par semaine ou 15 heures par jour, moyennant une répartition annuelle flexible. Les associations des employés ont présenté lundi un compromis dans le débat sur la flexibilisation du temps de travail.
«Il s'agit d'une offre que nous faisons à la commission de l'économie du Conseil des Etats (qui traite le dossier), afin que la discussion s'ouvre», a expliqué Daniel Jositsch, président de la société des employés de commerce.
Travailler plus, sans contrôle
La commission prépare en effet un projet de loi pour mettre en oeuvre deux initiatives parlementaires. Déposée par Karin Keller-Sutter (PLR/SG), la première veut libérer de l'obligation de saisir leur temps de travail les salariés exerçant une fonction dirigeante ou de spécialiste.
Le deuxième texte, de Konrad Graber (PDC/LU), réclame pour ces catégories de personnel une flexibilité en matière de durée du travail hebdomadaire et de temps de repos. Certaines branches pourraient en outre être libérées, sous certaines conditions, de l'obligation de ne pas dépasser une durée de travail hebdomadaire.
Moins de repos
Enfin, la durée de repos pourrait être réduite une ou plusieurs fois à huit heures par semaine si la moyenne est de onze heures sur respectivement deux et quatre semaines.
La commission du National a complété ces revendications avec une troisième initiative, sur laquelle son homologue du Conseil des Etats doit encore se prononcer. Déposée par Marcel Dobler (PLR/SG), elle vise à libérer les employés de start-up détenant des participations dans l'entreprise de l'obligation de saisir leur temps de travail.
D'une manière générale, la droite estime que le droit actuel ne correspond plus à la réalité. L'assouplissement de la saisie du temps de travail intervenu au 1er janvier 2016 est insuffisant et le seuil à partir duquel les mesures s'appliquent est trop élevé.
Un «corset trop serré»
La plateforme des employés reprend cette position, jugeant que la loi actuelle est «dans un corset trop serré». La durée du travail, inchangée à 52 fois 45 heures au maximum, devrait être répartie sur l'année, et permettre des pics de travail jusqu'à 60 heures par semaine et 15 heures par jour.
Les heures de repos quotidiennes pourraient être réduites à 9 heures, et le temps de travail réparti de manière flexible durant la semaine.
Ce régime concernerait les employés qui peuvent déterminer au moins 50% de leur temps de travail et de leur compensation. Ils représentent environ entre 15 et 20% des cols blancs. Afin de préserver leur santé psychique, la saisie du temps de travail et des absences devrait devenir obligatoire.
«Si j'ai une présentation à faire le lundi matin, ça ne m'aide pas qu'on m'interdise de travailler le week-end pour la préparer. Il faut tenir compte de cette réalité», a défendu le sénateur Daniel Jositsch (PS/ZH).
Travail dominical rejeté
Pourtant, selon un sondage mené par l'association des employés de commerce auprès de 1281 personnes, 70% des employés ne souhaitent pas travailler le dimanche. Deux tiers admettent devoir le faire occasionnellement le soir, mais la majorité d'entre eux ne souhaitent pas que cela augmente. Près de 80% des employés saisissent leur temps de travail et veulent continuer à le faire.
Les syndicats sont très remontés contre cette flexibilisation «radicale et unilatérale». Avec la gauche, ils craignent pour la protection de la santé des travailleurs mais aussi pour leurs salaires. (nxp/ats)