La police se prend la tête avec le cannabis

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SuisseLa police se prend la tête avec le cannabis

Les forces de l'ordre réclament des tests à réaliser sur place et non en laboratoire. Pour savoir sur le champ si le taux de THC de l'herbe répond à la norme légale.

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smk/nxp/ofu
Paradoxe de la légalisation partielle du cannabis: la version légale avec un faible taux de THC se vend en boutique plus cher que la marijuana plus forte qui s'écoule dans la rue.

Paradoxe de la légalisation partielle du cannabis: la version légale avec un faible taux de THC se vend en boutique plus cher que la marijuana plus forte qui s'écoule dans la rue.

Keystone

Les ventes de cannabis légal, qui contient moins de 1% de THC, le principal agent psychoactif de la plante, explosent en Suisse depuis quelques mois. Ce qui pose un problème sérieux aux forces de l'ordre: comment distinguer l'herbe autorisée de celle que l'on peut acheter dans la rue avec un taux de THC hors-normes?

Le consommateur qui s'offre ce petit plaisir dans la rue a ainsi de fortes chances de subir un contrôle de police. «Il est impossible sur place de pouvoir reconnaître si la substance est licite ou non», a précisé Marco Cortesi, porte-parole de la police municipale zurichoise au Blick.

Le produit doit donc être envoyé en laboratoire pour y être testé. Chacun de ces contrôles se monte à 500 francs, à la charge du contribuable. En outre, il faut plusieurs jours pour avoir un résultat. Impensable pour une action efficace sur le terrain.

La police veut des tests rapides

Adrian Wüthrich, président de l'Association de police du Canton de Berne, réclame donc «un test rapide pour les contrôles». Sinon, il faudra trouver d'autres solutions. «La légalisation de la consommation de cannabis serait une option que le Parlement doit discuter.»

Pour la Fédération Suisse des Fonctionnaires de Police (FSFP), il faut changer de mentalité. «Ces contrôles représentent une tache considérable avec des coûts élevés. Sans parler des frais de laboratoire», souligne son secrétaire générale Max Hofmann.

Il rappelle que le cannabis reste une drogue et que le peuple suisse a clairement rejeté sa légalisation. La balle est désormais dans le camp des politiques. «Nous avons besoin d'une loi et des outils que nous pourrons utiliser et qui seront efficaces», plaide le secrétaire général. Il redoute une situation difficilement gérable durant l'été.

Pas de solutions infaillibles

Les États-Unis ont déjà mis au point plusieurs tests rapides qui parviennent à faire la différence entre les taux de THC. Le produit à analyser est placé dans un tube dans lequel est versé une solution liquide. Qui change de couleur après une minute et permet ainsi d'identifier la part de psychotrope dans le cannabis.

Mais ces tests ne sont pas infaillibles. Medictest, l'importateur en Suisse de ces tubes, n'en propose encore aucun à la vente. «Nous évaluons actuellement deux produits, que nous pourrions mettre sur le marché d'ici deux à trois mois», a déclaré le directeur Davide Iuorno.

Pas d'analsyses systématiques à Fribourg

Contactée par «20 minutes», la police cantonale fribourgeoise explique avoir connaissance depuis «plusieurs mois» de la possibilité de se procurer du cannabis légal. «Nous n'avons pas encore été confrontés à ce produit», explique néanmoins son service de communication. Ce dernier précise par ailleurs que si une personne fume un joint et se fait contrôler, elle devra s'acquitter d'une amende de 100 francs. «Une analyse ne se ferait qu'en cas de contestation de l'amende.» Et d'ajouter: «A l'heure actuelle, il n'existe pas de test rapide fiable sur le marché.»

Peu de recul dans le canton de Vaud

«Dans le canton de Vaud, nous avons actuellement peu de recul sur la situation. A ma connaissance, notre police n'a encore jamais été confrontée à ce produit lors de contrôles mais nos agents sont sensibilisés à l'existence de ce produit. Nous ne pouvons donc pas parler de problématique. La situation est la même pour la police lausannoise» indique Olivia Cutruzzolà, porte-parole de la police cantonale vaudoise.

«Comme il est impossible de distinguer le cannabis ayant une teneur en THC inférieure à 1% du cannabis illégal, toute personne qui en consomme risque de se faire contrôler. En fonction de la situation et si la police doute des déclarations du consommateur, elle peut faire analyser le produit. S'il s'agit de cannabis légal, alors les frais seront à charge de l'Etat du contribuable. S'il s'agit de cannabis avec une teneur en THC de plus de 1%, alors le consommateur sera dénoncé en vue d'une amende et pourrait se voir imputer à sa charge les frais d'analyse.»

Evaluation en cours dans le Jura

Tout comme à Fribourg et dans le canton de Vaud, la police jurassienne n'a pas non plus encore été confrontée au cannabis légal. Daniel Affolter, du service de communication, explique cependant: «Cette problématique est actuellement évaluée afin d'élaborer un processus qui satisfasse les axes de prévention, de répression et de consommation légale de cannabis. La problématique de la répartition des frais entre les instances judiciaires fait aussi l'objet d'une évaluation.»

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