SuisseLa population est de mieux en mieux formée
Le rapport 2014 de l'éducation en Suisse, le deuxième du genre, montre que les Helvètes sont de mieux en mieux instruits. Mais le système éducatif n'est pas exempt de faiblesses.

Plusieurs objectifs ont été fixés, notamment augmenter le nombre de diplômés du secondaire II à 95% d'ici 2020.
En 2010, la Suisse comptait un taux de 92,4% de diplômés du degré secondaire II. Il s'agit des personnes ayant accompli un apprentissage, une maturité (gymnasiale ou professionnelle), une école professionnelle ou de culture générale.
Ce résultat place la Suisse en bonne position en comparaison européenne. L'Allemagne se situe à environ 85%. Mais pour le Secrétariat d'Etat à la formation (SEFRI) et la Conférence des directeurs cantonaux de l'instruction publique (CDIP), atteindre 95% augmenterait les chances de remplir les besoins du pays en main d'oeuvre qualifiée.
Car le but ultime de l'éducation est bien là, a rappelé mardi le secrétaire d'Etat à l'éducation Mauro Dell'Ambrogio lors de la présentation du rapport à la presse à Berne. Il s'agit d'identifier les forces et faiblesses du système pour une efficacité optimale sur le marché du travail.
Inégalités des chances
Le rapport montre précisément certaines lacunes. Si les Suisses atteignent déjà le taux visé de 95% de diplômes de degré secondaire II, les étrangers plafonnent à peine à 90%. «Nous avons un problème dans l'équité des chances», a relevé Stefan C. Wolter, directeur du Centre suisse de coordination pour la recherche à l'origine du rapport.
Par exemple, environ 30% des élèves des milieux défavorisés ayant la bosse des maths choisissent d'entrer au gymnase, contre 70% des milieux privilégiés.
Les enfants issus d'une famille universitaire ont une fois et demie plus de chances d'intégrer une haute école. Mais la Suisse n'affiche pas une inégalité record comme on l'a souvent prétendu. En Allemagne, au Danemark ou en Autriche, l'accès aux hautes études est encore plus difficile.
Gymnase ou apprentissage
Le taux de maturités gymnasiales présente comme on le sait déjà de fortes disparités entre cantons. Les Romands, et particulièrement Genève, sont toujours en tête, tandis que les Alémaniques continuent de privilégier l'apprentissage. Le taux suisse de maturité (gymnasiales, professionnelles et spécialisées) était de 30% en 2011. 66% des jeunes choisissent un apprentissage ou une école professionnelle à plein temps.
Pour Christoph Eymann, directeur de la CDIP, il faut y voir une différence culturelle. Il rappelle cependant que les jeunes ayant opté pour une formation professionnelle après l'école sont ceux qui sont les plus satisfaits de leur choix.
La formation professionnelle réussit en Suisse à offrir aux jeunes des formations correspondant généralement à leurs souhaits. A l'issue de l'apprentissage, les détenteurs d'un CFC sont mieux positionnés sur le marché du travail que ceux qui sortent d'autres filières, mais cet avantage s'estompe au fil de la carrière.
Trop d'abandons à l'Uni
Au niveau des universités et des hautes écoles spécialisées, là aussi des améliorations sont nécessaires. Aujourd'hui, un actif sur trois sort de ces filières. Il y a dix ans, cette proportion n'atteignait qu'un quart. Cette hausse devrait se poursuivre ces prochaines années.
Mais l'étude montre que sur 100 étudiants ayant obtenu une maturité, 94 choisissent une université ou une autre haute école. Cinq ans après l'obtention du diplôme, deux tiers à peine des 100 candidats initiaux ont une activité qui requiert le titre d'une haute école.
Pour les autorités qui souhaiteraient réserver un accès sans examen aux hautes écoles universitaires pour les titulaires d'une maturité gymnasiale, il faut absolument régler deux problèmes, selon Stefan Wolter.
D'une part, il faut relever le niveau de compétences des détenteurs d'une maturité fédérale et d'autre part mieux orienter les futurs étudiants dans leur choix d'une carrière universitaire afin de faire diminuer le nombre élevé d'abandon en cours d'études.
Harmonisation
Au niveau de l'école obligatoire, l'harmonisation telle qu'elle a été définie en 2011 est maintenue. Mais des difficultés surgissent en Suisse alémanique notamment. D'où la nécessité de poursuivre une collaboration étroite entre cantons et Confédération. Le rapport sera à l'avenir publié tous les quatre ans. (ats)