MédiasLa subvention d'un site albanophone fait jaser
Albinfo.ch est une plateforme d'information destinée aux Albanais de Suisse. Elle reçoit chaque année jusqu'à 345'000 francs de la Confédération. Au grand dam de l'UDC.
Le projet a commencé en octobre 2010. Depuis, les autorités fédérales (Direction du développement et de la coopération, Office fédéral des migrations et la Commission fédérale pour les questions de migrations) y ont investi près de 900'000 francs. L'an dernier, la subvention s'est montée à près de 345'000 francs, selon la «Basler Zeitung».
Une pratique que veut stopper l'UDC. Dans les colonnes du journal bâlois, le conseiller national saint-gallois Lukas Reimann explique qu'Albinfo «diffuse un message hostile à la Suisse et aux chrétiens, sous couvert de l'anonymat.» Le politicien cite en exemple la parole donnée via des commentaires à un groupes de fans non-identifié traitant les joueurs de foot albanophones de la Nati de traîtres.
Du côté de Berne, on justifie cet investissement comme un projet d'intégration, tel que souhaité par la loi sur les étrangers. Et aux accusations de propagande pro-musulmane et anti-Suisse, le conseiller fédéral Didier Burkhalter a déjà répondu à l'élu UDC lors de la session d'hiver du Parlement: «le site dispose d'une charte et est régulièrement contrôlé par un organisme indépendant (ndlr: l'Université de Zurich).» Pour le président de la Confédération, les articles à problèmes sont peu nombreux et les commentaires des internautes sont filtrés.
Bashkim Iseni, rédacteur en chef romand d'Albinfo et directeur du projet, confirme: 30 à 40% des commentaires sont censurés, car non-conformes à la charte. Quant aux déclarations de Lukas Reimann, le rédacteur en chef les qualifie d'«invraisemblables». «Je me sens blessé par cette attaque, poursuit-il, nous travaillons dans un but d'intégration, pas pour véhiculer de la haine».
Albinfo est financé par les autorités fédérales, mais aussi par certains cantons (Berne, Zurich et Zoug notamment) et villes (Zurich, Genève, Sion, Lausanne et Lucerne). Et même avec ce soutien public, Bashkim Iseni l'assure: «Jamais ces autorités ne sont intervenues à propos de notre contenu.» Sa rédaction est composée de 3 personnes à temps partiel dans son bureau lausannois et de deux collaborateurs, aussi à temps partiel, à Zurich. Les reste des contributions vient de pigistes, pour la plupart bénévoles. Les articles sont rédigés en trois langues (allemand, français, albanais).