Initiative «No Billag»Le «non» ouvre la porte à des réformes de fond
Rejetée à 71,6%, l'initiative «No Billag» a toutefois ouvert la porte à
des changements de fond du paysage médiatique.

Plus de deux millions de Suisses ont glissé un «non» dans l'urne, contre quelque 833'000 «oui».
Keystone/Laurent GillieronLes réactions sont unanimes: l'écrasante majorité contre l'initiative «No Billag» n'est pas un blanc-seing pour la SSR. Celle-ci doit économiser, et c'est tout le paysage médiatique qui doit être repensé.
■ La SSR doit économiser sans sabrer dans son contenu, estime le président du National, Dominique de Buman. Elle promet un plan d'économies de 100 millions de francs dès 2019, car sa part de la redevance sera alors plafonnée à 1,2 milliard. Les coupes toucheront la production, les infrastructures, la technique, l'administratif, et ceci de la direction aux unités régionales. Des postes seront supprimés.
Marchand évoque des économies
Après le net rejet de l'initiative No Billag, le directeur général de la SSR, Gilles Marchand, explique les plans d'économie de la radio-télévision suisse. Le but est de toucher le moins possible les offres de programmes, selon lui.
■ La SSR doit apprendre à partager la redevance et la publicité, demandent divers politiciens. Le PDC fribourgeois Beat Vonlanthen déposera lundi une motion en ce sens, rapporte la «SonntagsZeitung». Inspirée du modèle français, elle vise notamment à bannir la publicité après 19 h 30 sur les chaînes publiques et sur internet, et à limiter les revenus de la pub. Hier, la SSR a annoncé qu'elle n'interrompra plus les films, et ne publiera plus sur son site de textes sans lien avec ses productions audiovisuelles.
La réaction des initiants de No Billag
La réaction de Frédéric Jollien, du comité d-initiative No Billag, après le net rejet du texte dans les urnes.
■ Le paysage médiatique doit évoluer. En juin, le Conseil fédéral devrait présenter son projet de loi sur les médias électroniques; les éditeurs présents en ligne pourraient toucher une partie de la redevance. L'avenir de l'ATS devrait être discuté; dans «Le Matin Dimanche», Fathi Derder (PLR/VD) propose d'ailleurs que la SSR reprenne sa mission gratuitement. Certains appellent à une collaboration avec les autres médias et d'autres acteurs de l'audiovisuel. Le sort de la très critiquée alliance publicitaire Admeira (SSR, Swisscom et Ringier) sera aussi abordé.
La réaction du président de la SSR
Pour Jean-Michel Cina, président de la SSR, le net rejet de No Billag est une légitimation claire par le peuple du service public médiatique.
No Billag: réactions de Roger Nordmann et Raphaël Comte
Le socialiste vaudois Roger Nordmann et le PLR neuchâtelois Raphaël Comte se disent satisfaits du rejet de l'initiative No Billag. Pour eux, le message est clair: la population veut maintenir la SSR et qu'elle fonctionne. Il n'y pas de différence entre les régions linguistiques, la solidarité confédérale a bien joué et il n'y a pas de fossé entre les générations.
La réaction de Jean-François Rime (USAM)
La réaction de Jean-François Rime, président de l'Union suisse des arts et métiers (USAM), qui a soutenu l'initiative No Billag.
«Le résultat n'est pas très important»
Ce refus n'est pas une surprise pour les initiants, qui se félicitent toutefois d'avoir pu susciter le débat et montrer «l'incohérence du système». «Le résultat n'est pas très important, ce qui nous réjouit c'est que même nos opposants ont admis qu'il fallait faire des réformes», a expliqué sur le plateau de la RTS Nicolas Jutzet, président du comité romand de l'initiative. Durant la campagne, l'idée d'une nouvelle initiative visant à réduire de moitié la redevance a été évoquée, sans confirmation pour l'instant.