Le cas de policiers violents sous-estimés

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LucerneLe cas de policiers violents sous-estimés

La police lucernoise a sous-estimé le problème du comportement violent de certains de ses membres. Telle est la conclusion du rapport intermédiaire rendu par l'expert indépendant Jürg Sollberger.

Yvonne Schaerli-Gerig, conseillère d'Etat et Juerg Sollberger, juge en charge du dossier.

Yvonne Schaerli-Gerig, conseillère d'Etat et Juerg Sollberger, juge en charge du dossier.

Suite au scandale lié à la promotion de deux policiers soupçonnés de violence et contraintes sexuelles, la ministre de la justice Yvonne Schärli a mandaté en juillet l'ancien juge cantonal bernois afin de cerner l'étendue du problème. Jürg Sollberger a enquêté sur 22 incidents et en a élucidé treize parmi lesquels figuraient aussi bien des cas de bagatelle que des cas graves.

Pas promu après des violences en privé

L'expert indépendant s'est penché à la fois sur des cas de violence en service que sur ceux survenant dans la sphère privée des policiers. Certains d'entre eux ont été traités avec une «clémence inappropriée», a déploré Jürg Sollberger mardi face aux médias. Dans l'ensemble toutefois, les policiers lucernois font bien leur travail, selon lui.

Le problème constaté ne concerne pas le nombre de cas de violence mais la manière de les gérer. La gravité du cas d'un policier cadre qui s'est montré violent en privé à la veille de Noël 2010 n'a ainsi pas été reconnue. L'homme concerné n'a toutefois pas été promu après cet incident, souligne l'expert, contrairement à ce que des médias ont laissé entendre.

Le sang-froid avant tout

Dans le cadre de son métier, un policier peut faire usage de violence dans certains cas, admet M. Sollberger. Il doit toutefois aussi garder son sang-froid dans des situations exigeantes.

Le manque de «self-control» constitue un poison pour le policier ou la policière et un danger pour ses collègues. Il nuit en outre à la réputation de la police, dénonce l'expert qui exige une tolérance zéro en la matière. La police lucernoise doit prendre des mesures contre la violence injustifiée de policiers contre des personnes sans défense.

Associer une autre police cantonale

M. Sollberger a en outre émis des recommandations lors de soupçons de violation de service et lorsqu'une enquête pénale ou administrative est ouverte contre un membre de la police. Il recommande en outre de renoncer à promouvoir tout policier ou toute policière placé(e) sous enquête.

L'ouverture d'une enquête administrative ne doit par ailleurs pas être dépendante des conclusions d'une enquête pénale mais de l'ampleur du cas. Lorsque la police lucernoise doit intervenir contre l'un(e) de ses membres, elle doit faire appel le plus vite possible à une autre police cantonale pour l'encadrer dans cette tâche.

Faire le ménage: «c'est un ordre!»

Le gouvernement lucernois a pris acte des conclusions de l'ancien juge bernois et a appuyé ses recommandations. Contesté depuis la révélation du scandale, le commandant de la police lucernoise Beat Hensler doit désormais les mettre en oeuvre. «Le maître de maison doit faire le ménage», insiste Jürg Sollberger.

La conseillère d'Etat Yvonne Schärli va dans le même sens: «Il s'agit d'un ordre à exécuter rapidement, de manière fiable et claire.» (ats)

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