SuisseLe sondage papal révèle des fidèles critiques
Les catholiques ne sont pas au diapason de leur Eglise, révèle un sondage. Celui-ci montre que les fidèles sont plus ouverts que la doctrine.
L'Eglise catholique cherche le dialogue avec ses fidèles sur des sujets comme le divorce, l'homosexualité ou la contraception. Les résultats d'un sondage lancé par le pape sont jugés surprenants par la Conférence des évêques suisses.
«Les résultats de la consultation sont un coup de théâtre», a confié Mgr Büchel, président de la Conférence des évêques suisses (CES), mardi lors d'une conférence de presse à Berne. Ils montrent que les catholiques suisses sont sceptiques face à certaines doctrines officielles de l'Eglise.
Ouverture privilégiée
Ainsi, 90% des sondés s'opposent au dogme en matière de sacrement pour les couples divorcés et remariés. La grande majorité des fidèles souhaite une acceptation de ces couples par l'Eglise.
Autre thème brûlant, la reconnaissance des couples homosexuels remporte également l'adhésion de 60% des sondés. On constate cependant une plus forte polarisation sur ce sujet, entre un net rejet et une claire approbation, indique le SPI.
La question controversée de la contraception révèle quant à elle «le désaccord dramatique et connu de longue date» entre la doctrine de l'Eglise, qui rejette le préservatif et la pilule, et la pratique des fidèles, adaptée au quotidien.
Soupçons confirmés
Malgré ces critiques, la base des catholiques accorde toujours une grande importance à la place de la foi au sein de la famille. Le mariage religieux reste ainsi primordial pour 80% des sondés. De même, l'éducation religieuse des enfants est plébiscitée par 97% des sondés.
Les résultats confirment ce que beaucoup de monde soupçonnait au sein de l'Eglise catholique suisse, poursuit Markus Büchel: une grande majorité de fidèles se montre critiques face à la doctrine officielle sur les questions liées au couple, à la sexualité et à la contraception.
Dans un temps limité, plus de 23'600 réponses ont été envoyées, indique Mgr Morerod, vice-président de la CES. Tant l'Institut de sociologie pastorale suisse (SPI), responsable de l'évaluation du sondage, que la CES se montrent par ailleurs très satisfaits du résultat de la consultation en termes qualitatifs et quantitatifs.
Adapter la doctrine
La vaste consultation mondiale permet à l'Eglise d'élargir à la base le dialogue sur des questions importantes, «auxquelles nous n'avons pas encore trouvé de réponse satisfaisante», a reconnu Mgr Morerod.
Sur des thèmes comme les personnes divorcées et remariées, le statut des couples homosexuels ou la contraception, la doctrine officielle est conditionnée par l'époque et la société qui l'entourent, a poursuivi Mgr Büchel. «La doctrine peut et doit s'adapter.» Mais elle ne changera pas fondamentalement, a-t-il immédiatement rappelé.
Synode à Rome
La responsabilité de se prononcer sur ces questionnements reviendra de fait au prochain synode des évêques, prévu à Rome au mois d'octobre. Des évêques du monde entier, convoqués par le pape, se réuniront pour aborder des thèmes de société concernant la vie de famille, le couple, le mariage.
Les évêques utiliseront les résultats des consultations, afin d'en tirer des recommandations et des lignes de conduite qui soient en phase avec l'enseignement moral de l'Eglise. «La consultation ne terminera donc pas dans un tiroir», a affirmé Erwin Tanner, secrétaire général de la CSE. Les résultats seront en outre publiés sur le site de la Conférence des évêques.
Positionnement nécessaire
La CES est consciente qu'il faut trouver des réponses adaptées au quotidien des gens, explique Mgr Büchel, qui représentera les évêques suisses à Rome lors du Synode. Et de citer l'exemple d'une personne pratiquante, divorcée et remariée, qui souhaite obtenir les sacrements. L'Eglise doit pouvoir se positionner clairement et de façon ouverte sur ce genre de questions, a-t-il encore indiqué. (ats)