SantéLes cas de tuberculose bondissent en Suisse
Des maladies exotiques sont en forte augmentation en raison des migrants. Des médecins exigent des vaccinations.

Une campagne de vaccinations pour les migrants est préconisée par les professionnels de la santé.
photo: KeystoneLes chiffres de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) sont éloquents: la Suisse a enregistré 199 cas de fièvre de dengue en 2015 contre 73 en 2010. Pour le paludisme, ce sont 428 cas qui ont été découverts contre 194 en 2010.
Même constat pour la tuberculose, qui a pourtant quasi disparu de Suisse. Si quelques Suisses âgés en souffrent encore pour avoir été infectés à une époque où la maladie était encore courante dans le pays, ce sont désormais et surtout de jeunes migrants qui apportent la pathologie en Suisse, comme l'explique le «Tages-Anzeiger» dans son édition du 10 mars.
Pas directement contagieuses
Ces cas ont indubitablement augmenté, confirme Gerhard Eich, infectiologue au Triemlispital, à Zurich. Des politiciens ont donc demandé aux pouvoirs publics s'ils prévoyaient des campagnes de vaccination. Une inquiétude relayée par les autorités cantonales qui craignent de voir débarquer des migrants infectés lors de la répartition.
La fièvre de dengue et la malaria ne sont pas contagieuses. Elles sont transmises par des moustiques et relèvent principalement des réfugiés en provenance d'Erythrée, explique Daniel Koch, directeur des maladies transmissibles à l'OFSP. Quant à la tuberculose, elle nécessite un long contact avec un malade.
Des mesures encore lacunaires
Les Suisses risquent d'attraper ces maladies surtout durant leurs vacances. Comme le confirme Chung-Yol Lee, ancien président de l'Association des médecins cantonaux de Suisse, «les réfugiés ne représentent aucun danger sanitaire».
Il demande toutefois à ce que des mesures soient prises. La nouvelle loi sur les épidémies est entrée en vigueur cette année, mais, pour le moment, l'unique moyen de détection obligatoire consiste à soumettre les migrants à un questionnaire systématique afin de déceler ceux qui souffrent d'une possible maladie et de pouvoir ainsi les aider.
Vaccination générale des migrants?
Cette méthode est également appelée à évoluer. Un groupe de travail composé de représentants de l'OFSP, du Secrétariat d'Etat aux migrations (Sem) et des médecins cantonaux prépare de nouvelles mesures à appliquer dans les centres d'accueil. La vaccination pourrait y devenir obligatoire, non pas pour protéger les Suisses, mais plutôt les migrants, qui sont souvent démunis face à des maladies courantes en Europe comme la rougeole, les oreillons, la rubéole ou encore la varicelle.
Des migrants d'Erythrée ou du Sri Lanka n'ont jamais entendu parler de ces maladies communes aux enfants en Europe, a souligné Christoph Hatz, de l'Institut tropical et de santé publique suisse. Or ces pathologies peuvent générer des complications chez les adultes.
Si Chung-Yol Lee estime judicieuse une campagne de vaccination, il estime qu'elle doit être adaptée en fonction de la provenance des migrants. Et comme ceux-ci restent longtemps dans les centres d'accueil, cela permettrait de jauger leur état de santé et d'empêcher que les requérants malades soient ensuite répartis entre les cantons. Cette pratique aurait au moins le mérite de désamorcer une partie de l'opposition croissante envers les migrants.