SuisseLes sacs jetables pas près de disparaître
Malgré la volonté du Parlement, l'interdiction n'est pas encore en vigueur. Une solution intermédiaire semble se dessiner.

Les sacs plastiques devraient disparaître des caisses .
photo: KeystoneAcceptée en 2012, une motion de Dominique de Buman (PDC/FR) devait sceller le sort des sacs plastiques à usage unique, disponibles gratuitement aux caisses de magasins. Presque quatre ans après le vote favorable des Chambres fédérales, rien n'a changé. La faute à une législation pas facile à adapter, relate mardi le «Tages-Anzeiger».
«L'expérience a montré que pour appliquer cette motion, un changement d'ordonnance ne suffit pas. Nous devons maintenant modifier la loi sur la protection de l'environnement. Nous recherchons actuellement une nouvelle solution», déclare la porte-parole de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), Barbora Neversil, au quotidien alémanique.
Fin 2014, l'OFEV annonçait en effet avoir mis un projet en consultation, qui prévoyait une interdiction sèche des sacs à usage unique et l'obligation de rendre payants ceux qui se réutilisent. L'idée a donc été reléguée, momentanément, aux oubliettes. Quelques exceptions étaient prévues, comme les contenants proposés aux rayons fruits et légumes.
Retard agaçant
Andreas Zopfi, directeur de l'Institut suisse d'emballage, organisation faîtière de la branche, juge la situation peu confortable: «C'est très fatigant, car nous ne pouvons rien planifier», déclare-t-il. «Nous serons heureux quand nous aurons des conditions légales claires», tonne pour sa part le porte-parole de Migros Luzi Weber.
Les détaillants souhaiteraient trouver une solution intermédiaire. «Ces sacs devraient être disponibles gratuitement dans les magasins proposant surtout des denrées alimentaires», estime la Communauté d'intérêts du commerce de détail suisse. Une exception devrait, selon elle, être introduite pour les magasins de moins de 500 m2 ou des caisses sans personnel. La grande distribution l'a par ailleurs dit pendant le débat et le répète: selon eux, les avantages écologiques de l'interdiction sont discutables.
Un avis partagé par les professionnels de l'emballage: «Au lieu d'un cadre juridique complexe, nous ferions mieux de miser sur un accord interne à la branche», assène Andreas Zopfi.
3000 tonnes de plastique
La commission de l'environnement du Conseil national se saisira du dossier en avril. Le «Tagi» avance que l'interdiction pure et simple semble ne plus être une option. L'exemple de Migros, qui, dans le canton de Vaud, a remplacé ses sacs traditionnels par des sacs recyclés au prix de 5 ct., pourrait s'imposer. Dominique de Buman se dit pour sa part confiant: «Je pense que nous allons trouver une bonne solution.»
Selon les chiffres officiels, quelque 240 millions de sacs à usage unique sont annuellement distribués rien que chez Coop et Migros. Leur consommation (environ 3000 tonnes) représente 0,5% de celle des plastiques en Suisse. En France, une interdiction doit entrer en vigueur le 1er juillet. L'Europe estime à 8 milliards le nombre de sacs plastiques abandonnés dans la nature chaque année.