SuisseMaurer doute-t-il de la loyauté des «segundos»?
Dans une récente assemblée des délégués de l'UDC, le ministre de la Défense s'est demandé de quel côté se positionnent réellement les soldats d'origine étrangère.
La semaine dernière, Ueli Maurer a abordé un sujet sensible lors de son discours à l'assemblée des délégués du parti agrarien. Le conseiller fédéral a affirmé qu'en cas de conflit, les «segundos» de l'armée suisse pourraient se retrouver dans une situation difficile. Ce n'est pas la première fois que le ministre de la Défense s'interroge sur la loyauté des soldats ayant des origines étrangères, rapporte dimanche la «Schweiz am Sonntag».
Sur un enregistrement vocal que le dominical a pu se procurer, Maurer affirme que la population civile n'est pas unie comme autrefois sur le Grütli «parce que nous avons plusieurs groupes de populations qui ont un lien étroit avec leur pays d'origine et qui pourraient être influencés par cela». «Nous comptons par ailleurs à peu près un tiers de segundos au sein de notre armée», a-t-il ajouté.
«L'armée accorde beaucoup d'importance au fait qu'aucune différence ne soit faite quant à l'origine de nos soldats», explique le porte-parole de l'armée suisse Walter Frik. Celui-ci précise que tous les soldats ont les mêmes droits et devoirs. Contacté par «Schweiz am Sonntag», le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports n'a pas souhaité s'exprimer à ce sujet. Tibor Szvircsev, sociologue militaire, estime pour sa part que les questions d'Ueli Maurer sont justifiées... à condition de répondre scientifiquement à ces interrogations.
Selon les premiers résultats d'une enquête menée auprès de 20'000 recrues, les segundos sont plus motivés et prêts à s'investir que les recrues qui ne sont pas issues de la migration.
Un affront pour les «segundos»
Contactée, l'association Secondos Plus se dit scandalisée par les déclarations d'Ueli Maurer: «Les soldats ont la nationalité suisse. Il va de soi qu'ils défendent leur pays. Monsieur Maurer doit accepter le fait qu'il y aura, ces prochaines années, de plus en plus de personnes issues de la migration au sein de l'armée suisse. Ça reflète simplement notre société», s'énerve le coprésident Halua Pinto.
Rupan Sivaganesan, politicien du PS et membre du conseil d'administration de l'association, ne partage pas non plus l'avis du ministre de la Défense: «Shaqiri ne va pas non plus tirer des buts contre son équipe.»