Menace sur l'importation de viande halal et casher

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AlimentationMenace sur l'importation de viande halal et casher

Une motion propose l'interdiction d'importer des animaux maltraités. En plus du foie gras, elle pourrait concerner la viande halal et casher.

En plus des cuisses de grenouille, du foie gras et de la fourrure, la viande hallal et casher pourrait aussi être concernée.

En plus des cuisses de grenouille, du foie gras et de la fourrure, la viande hallal et casher pourrait aussi être concernée.

Keystone

La proposition avait fait grand bruit au printemps: une motion, adoptée par le National le 7 juin, proposait l'abandon de l'achat à l'étranger de viande provenant d'animaux maltraités. Dans le viseur de Matthias Aebischer, conseiller national socialiste bernois qui avait proposé le texte, se trouvaient principalement le foie gras, les cuisses de grenouille ainsi que la fourrure.

Viande casher et hallal

Il apparaît maintenant que les viandes abattues selon certains rituels juifs ou islamiques pourraient également être concernées, révèle le «Tages-Anzeiger». C'est ce qu'affirme Alliance animale suisse, l'association qui a élaboré la motion avec Matthias Aebischer. Pour sa présidente, Katharina Büttiker, ces produits doivent être interdits, car les animaux sont égorgés sans être préalablement étourdis, ce qui constitue un acte de cruauté.

«Il n'est pas acceptable que les interdictions décrétées chez nous soient contournées par les importations», assène le parlementaire bernois. Il souligne toutefois qu'une exception juridique à la Loi sur la protection des animaux permet actuellement aux communautés juives et musulmanes d'échapper à l'interdiction. Théoriquement, elle pourrait rester en vigueur si sa motion prend forme de loi, précise-t-il.

Un problème pour les juifs

Difficile effectivement pour Berne d'interdire l'importation de viande casher ou halal. Le Conseil fédéral estimait en 2016 qu'une telle mesure serait contraire à l'accord instituant l'Organisation mondiale du commerce, à moins qu'elle soit essentielle pour protéger la moralité publique d'un Etat, précise Andreas Rüttimann, avocat spécialisé dans la défense des animaux.

«Une interdiction d'importer de la viande casher limiterait massivement la liberté religieuse des juifs», estime dans le journal alémanique Herbert Winter, président de la Fédération suisse des communautés israélites. L'étourdissement de l'animal avant son abattage ne correspond en effet pas à la tradition judaïque.

Accepté par les musulmans

Ce point est moins problématique dans l'islam, explique Farhad Afshar, président de la Coordination des organisations islamiques de Suisse: «selon la compréhension musulmane, il est autorisé d'étourdir des animaux avant de les tuer. C'est confirmé par plusieurs rapports d'érudits.»

Aujourd'hui, c'est même la pratique en vigueur dans la majorité des cas. «Pour la grande majorité des musulmans de Suisse, cette modification ne serait pas un problème, et la question éthique serait même bien accueillie», assure-t-il.

Le Conseil des Etats va maintenant examiner en détail la motion Aebischer, adoptée en juin dernier.

650 tonnes importées, ainsi que de la viande suisse

650 tonnes importées, ainsi que de la viande suisse

En 2016, 132 tonnes de boeuf et 8 tonnes de mouton casher ont été importées à destination exclusive des 18'000 membres de la communauté juive, selon les chiffres de l'Office fédéral de l'agriculture publiés par le «Tages-Anzeiger». Pour les 352'000 musulmans de Suisse, ce sont près de 341 tonnes de boeuf et 171 tonnes de mouton. De plus, les bouchers suisses sont autorisés à produire ce type de viande lorsque les animaux ont d'abord été étourdis.

Abattage rituel

Abattage rituel

L'abattage rituel des animaux se fait avec une coupure unique à travers la gorge. La bête doit ensuite être vidée naturellement de son sang. Un étourdissement préalable est proscrit par la tradition juive, mais pas par celle des musulmans. Ces pratiques sont décrites comme cruelles par les associations de défenses des animaux. Leur interdiction figure dans la loi sur la protection des animaux, qui prévoit toutefois que l'importation est possible «pour assurer un approvisionnement suffisant des communautés juive et musulmane en viande de ce type».

(rmf)

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