SuissePlus on est formé, plus on habite loin de son travail
Une nouvelle étude montre que la longueur du trajet pour se rendre au travail dépend de la formation et du salaire. Des experts expliquent pourquoi.

Trains bondés, bouchons, pénurie de places de parc: pour de nombreuses personnes, être pendulaire est un mal nécessaire. Or, quand les Suisses changent d'emploi, ils ne cherchent pas toujours un travail plus proche de leur domicile. Une nouvelle étude de l'Ecole polytechnique de Zurich (EPFZ) révèle en effet qu'après un changement de job, le trajet maison-lieu de travail se rallonge encore.
L'enquête montre également que les personnes ayant un niveau de formation élevé voyagent davantage que les autres. Pour Kay Axhausen, un des deux auteurs de l'étude, ce résultat n'a rien d'étonnant: «Une formation plus élevée permet d'effectuer un travail plus spécialisé. Ces postes sont plus rares, mais ils sont aussi mieux rémunérés. Seul hic: ils sont davantage éparpillés dans l'espace.»
«Prendre en compte de longues distances»
Un niveau de formation et, par conséquent, un salaire élevé n'entraînent pas seulement des trajets plus longs, mais aussi des changements d'emploi plus fréquents. La probabilité qu'une personne en possession d'une maturité gymnasiale ou d'un diplôme universitaire change de travail est plus élevée de 19% que pour une personne avec une formation plus basse.
Timo Ohnmacht, expert en transports de l'Uni de Lucerne, confirme: «Plus une personne gagne d'argent, plus elle sera prête à parcourir de longues distances pour se rendre sur son lieu de travail.» Et d'expliquer: «Une infirmière de Berne sera moins encline à se rendre tous les jours à Zurich pour son travail qu'un Bernois avec un poste bien rémunéré dans une banque à Zurich.» Il note par ailleurs que pour beaucoup de gens voyager une heure à l'aller et une heure au retour n'a rien d'anormal.
L'étude de l'EPFZ a pris en compte des analyses actuelles faites en Suisse, mais également à l'étranger. Les chercheurs ont aussi analysé des données de près de 1200 Suisses, datant de 1985 à 2004 et perçues dans la région zurichoise.
Les pendulaires travaillent toujours un peu plus loin
Les pendulaires travaillent toujours un peu plus loin de chez eux en Suisse. C'est ce qu'on apprenait en juin 2016. En 2014, un trajet moyen aller faisait 14,5 km, soit une hausse de 12% par rapport à l'an 2000. La voiture reste le moyen de transport privilégié par plus de la moitié d'entre eux (52%). Dans le détail, environ 36% des pendulaires ont un temps de parcours de 15 minutes, 54% mettent entre 16 et 60 minutes pour se rendre au travail, et un dixième plus d'une heure. Le temps nécessaire aux déplacements entre le domicile et le lieu de travail varie selon la région.