Call CenterQuatre minutes pour aller aux toilettes
A Zurich, un call center surveille ses collaborateurs avec 3 caméras vidéos. Pour aller aux toilettes, il faut se déloguer et revenir dans les 4 minutes. Jusqu'où peut aller la surveillance des employeurs?
En juillet 2008, l'inspectorat du travail à Zurich épingle le call center de l'entreprise Lido Kommunikation AG. Celle-ci en effet surveillait ses employés à l'aide de trois caméras. Avant d'aller aux toilettes, ceux-ci devaient se déloguer et revenir dans les 4 minutes, faute de quoi l'arrêt pipi du collaborateur n'est pas considéré comme du temps de travail.
L'inspectorat du travail a immédiatement exigé de l'entreprise qu'elle enlève les caméras et supprime l'obligation de s'annoncer pour aller aux toilettes. Selon une ancienne collaboratrice citée par tagesanzeiger.ch, ses changements n'ont pas été faits. La collaboratrice affirme que les caméras sont toujours là, qu'elles n'enregistrent pas les images mais se contentent de filmer en temps réel. Les supérieurs hiérarchiques auraient ainsi la possibilité de surveiller les collaborateurs en permanence. L'entreprise a refusé de commenter directement les propos de la collaboratrice. Elle renvoie à son avocat, qui les dément et les juge dénués de tout fondement.
Pas une exception
Selon le syndicaliste Kaspar Bütikofer, toujours sur le site du Tages Anzeiger, de nombreux employés de call centers se sentent surveillés. «Souvent, pour répondre à un email ou faire des recherches sur internet, ils doivent appuyer sur une touche spéciale afin de laisser une trace pour leur hiérarchie», explique-t-il. Selon lui, de telles mesures de surveillance ne sont pas tolérables. Observer ses collaborateurs par caméras de surveillance n'est pas légal non plus, selon la loi sur le travail.
Aller aux toilettes, c'est normal
Même cas de figure pour ce qui est de se rendre aux toilettes. «Demander à un collaborateur de s'annoncer avant de quitter son poste de travail pour cette raison, et lui imposer 4 minutes pour cela, c'est une entorse très claire à sa personnalité», estime Thomas Geiser, professeur de droit à l'université de St-Gall. Idem pour le contrôle des emails et des activités sur internet, estime-t-il.
«En revanche, une entreprise peut dresser une liste générale des pages internet visitées par ses collaborateurs pour éviter tout abus. Ensuite, seulement si des soupçons existent sur une personne, elle peut la suivre en détail», précise Eliane Schmid, porte-parole du préposé fédéral à la protection des données.
L'employeur doit toutefois prévenir son collaborateur de cette possibilité de procéder.