Suisse romandeSalt sucre l'offre illimitée vers vingt pays africains
Le tarif de l'opérateur pour les appels à l'étranger a attiré la clientèle. Mais depuis jeudi, la colère gronde.
La mariée était trop belle et les noces n'ont pas duré longtemps. Entre Salt et certains de ces clients, le temps est au désamour. Des offres très aguichantes de l'opérateur sont au cœur de ces remous. «Avec l'option Hello World, on pouvait téléphoner partout dans le monde pour 30 fr. par mois. C'était génial! Mais en décembre, Salt l'a modifiée sans crier gare», déplore une Suissesse originaire du Sénégal. Selon nos informations, «l'opérateur a été dépassé par le succès de cette offre».
Salt a toutefois enchaîné avec une nouveauté: Plus World. Pour 199 fr. par mois, le client a un téléphone offert et des appels, SMS et MMS illimités dans plus de 200 pays. Tidiane n'a pas résisté à cette offre, qu'il trouvait très «satisfaisante». Mais la semaine dernière, cet entrepreneur africain basé dans le canton de Vaud a été avisé oralement par Salt: dès le 10 mars, chaque appel vers la plupart des pays africains coûtera 2 fr. par minute. Ce changement l'exaspère. «En raison de ses tâtonnements, cette entreprise a une attitude poivrée qui enrhume ses clients», peste-t-il.
Eric Schenk, biotechnologue lausannois de 61 ans, ne décolère pas non plus: «Avec ces tarifs-là, je ne peux plus joindre mes amis en Afrique. Salt me dit que si je résilie le contrat, il reprend le téléphone offert. Or, je n'ai plus d'autre appareil.» Tidiane aussi a décidé de changer d'opérateur: «C'est comme si tu achètes un gâteau, tu commences à manger et au milieu, tu trouves du cactus à la place du chocolat.»
Appels excessifs
«Les tarifs de Plus World ont entraîné des appels excessifs vers certains pays. La consommation dépassait l'usage privé normal, il nous fallait corriger», réagit la porte-parole de Salt. Les conditions générales permettent à la société de modifier en tout temps le contrat. Le client a, alors, le droit de le résilier. «Le fait de pouvoir changer unilatéralement un contrat constitue-t-il un abus?» s'interroge Robin Eymann, de la FRC, qui constate «une asymétrie entre les possibilités de l'entreprise et celles du client».
Avisé in extremis
Bernois de 38 ans, conseiller en orientation professionnelle à Lausanne, K. est très remonté contre Salt. «Ils m'ont appelé le 9 mars pour m'apprendre que des changements de tarifs auraient lieu le lendemain. C'est scandaleux.» A l'en croire, c'est l'offre Plus World qui l'avait poussé dans les bras de la compagnie. «Si je ne peux plus appeler l'Algérie à un prix avantageux, je n'ai plus aucun intérêt à rester chez Salt. Donc je vais changer d'opérateur téléphonique.»