Sticker «raciste»: l'Italie est choquée, le MCG séduit

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TessinSticker «raciste»: l'Italie est choquée, le MCG séduit

La commune de Claro propose une vignette pour les sociétés qui emploient des résidents suisses. Un parti genevois pourrait s'en inspirer.

par
Francesco Brienza
Jusqu'à présent trois établissements, dont un EMS et un cabinet dentaire, ont accepté de jouer le jeu.

Jusqu'à présent trois établissements, dont un EMS et un cabinet dentaire, ont accepté de jouer le jeu.

«Quelle excellente initiative! Il n'est pas impossible qu'on tente de la copier chez nous...» Le président du Mouvement citoyen genevois (MCG) Roger Golay n'a pas caché son enthousiasme en découvrant la trouvaille de la commune tessinoise de Claro. Celle-ci vient de créer une vignette officielle qui met en valeur les entreprises de la région qui préfèrent le personnel résident aux frontaliers. «Je n'ai jamais rien entendu de tel en Suisse, reprend le conseiller national, qui se dit pourtant très attentif à la question. C'est une bonne chose pour l'emploi de nos jeunes. Je suis convaincu que beaucoup de consommateurs sont prêts à changer leurs habitudes pour aller dans ce sens.»

Le but de l'opération est «d'aider dans leurs choix les gens qui veulent soutenir l'économie locale à travers leurs achats, précise le syndic de Claro Roberto Keller. C'est une question de transparence.» Rien à voir avec de la xénophobie donc, puisque les étrangers établis sont «naturellement» comptabilisés. La commune – à majorité PLR – joue d'ailleurs elle-même le jeu: elle vient de décider d'attribuer ses mandats publics majoritairement aux entreprises qui emploient de la main d'œuvre locale.

Le fameux sticker coûte 10 francs. Il s'obtient depuis vendredi au secrétariat municipal contre présentation d'un certificat indiquant le pourcentage de personnel indigène dans la société. Trois établissements l'ont adopté à ce jour, dont un EMS et un cabinet dentaire.

La presse transalpine a du mal à digérer

L'autocollant anti-frontalier a fait le buzz en Italie avant même d'attirer l'attention en Suisse. Le très sérieux «Corriere della Sera» a dépêché un envoyé spécial à Claro. Celui-ci parle d'un «logo qui incite à ne pas faire travailler les Italiens, et qui prête facilement le flanc aux accusations de xénophobie». Plusieurs autres médias parlent depuis de «logo choc» ou de «nouveau racisme». La chaîne de télévision publique Rai 3 prépare aussi un reportage. Et le téléphone de Roberto Keller continue de sonner.

Villes frontalières romandes pas emballées

Le président du Locle (NE) s'est montré perplexe à propos de la vignette de Claro. «Je la trouve réductrice, note Denis de la Reussille. Pourquoi ne pas plutôt proposer un autocollant qui met en valeur les employeurs modèles? Le respect des salaires et des conventions collectives est plus important que le lieu de domicile des salariés.» Et le popiste de signaler que les discussions en coulisses avec les patrons permettent aussi d'obtenir des résultats. A Meyrin (GE), la Ville veut aussi soutenir le recours à la main d'oeuvre locale. Mais elle a choisi une autre voie: elle subventionne certaines entreprises qui forment des apprentis du cru.

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