Saint-GallUn ado au social fait de la voile pour 110'000 fr.
Depuis 4 mois, un jeune à problèmes de 14 ans de Schmerikon (SG), navigue sur un voilier dans le cadre d'un programme social. Coût de l'opération: 110'000 fr. Sa mère est outrée.

Le bateau peut accueillir jusqu'à 16 ados âgés entre 14 et 18 ans.
Cette histoire ressemble étrangement à celle de Carlos, ce jeune délinquant multirécidiviste qui avait bénéficié d'un programme onéreux de réinsertion en milieu ouvert. Cette fois, ce ne sont pas des cours de boxe thaïe ou encore un appartement de 4 pièces et demie qui paraissent démesurés, mais une thérapie se déroulant sur un voilier. Cela fait maintenant quatre mois que Marco*, un ado à problèmes de 14 ans habitant Schmerikon (SG), navigue sur le bateau Salomon dans le cadre d'un programme social. Le navire - appartenant à une fondation suisse - accueille chaque année des jeunes difficiles entre 14 et 18 ans. Le but de l'opération est de les remettre dans le droit chemin.
Au minimum 40 semaines
Cette mesure, ordonnée par l'autorité saint-galloise pour la protection des adultes et des enfants (KESB), dure au minimum 40 semaines. Avec un prix de 390 francs par jour, cela revient à 110'000 francs. Sans compter les frais supplémentaires de 360 francs par mois, rapporte le quotidien «Obersee Nachrichten». Et la facture risque bien de s'allonger, car la thérapie ne semble pas encore avoir porté ses fruits. Considéré comme un garçon aux compétences sociales défaillantes, Marco devra prolonger son séjour de quelques semaines, ont décidé les responsables.
Ces frais scandalisent la mère de Marco, Anne-Marie*, incapable de payer cette somme parce qu'elle est partiellement à l'aide sociale. Ce sont donc les contribuables de Schmerikon qui financent le programme.
Troubles du comportement
La mère de Marco aurait préféré que son fils aille à l'école au lieu de faire de la voile. Elle affirme même avoir trouvé un internat de la région qui aurait été prêt à accueillir son fils pour 60'000 francs par année. «Cette école est moins chère et ça m'aurait permis de voir mon Marco plus souvent. En plus, il aurait pu y obtenir son diplôme de fin de scolarité», note sa mère. Mais pour le KESB, cette mesure ne semblait pas assez efficace pour soigner Marco. Les autorités ont ainsi décidé de l'envoyer faire de la voile contre l'avis de la mère. La garde de l'enfant lui a par ailleurs été retirée momentanément. Les plaintes déposées par la mère auprès de la commission administrative en matière de recours et du tribunal cantonal de Saint-Gall n'ont servi à rien. Marco restera donc sur le bateau tant que les autorités le souhaitent.
Contacté, le président de KESB, Walter Grob, affirme que les problèmes de l'ado remontent à l'année 2007, au moment de sa scolarisation. «D'innombrables mesures ont été prises par l'autorité titulaire de la commune. Tout cela n'a servi à rien parce que l'enfant refusait toute forme d'aide et aussi à cause du manque de coopération de la mère. Les experts, les autorités communales ainsi que les tribunaux se sont mis d'accord sur le fait que placer Marco dans une structure d'accueil standard ne servirait à rien.» Walter Grob précise également que le prix de 390 francs par jour était tout à fait comparable aux autres institutions. Il souligne aussi que la thérapie sur le voilier est une exception et que de telles dispositions ne sont prises que si toutes les autres ont échoué. «Ces mesures de protection de l'enfant peuvent être vues comme une forme d'investissement.» Selon Walter Grob, comparer Marko à Carlos est inadmissible: «Carlos est un délinquant multirécidiviste alors que Marco est un enfant avec des troubles psychiques.»
*Prénoms d'emprunt