Incendie à l'avenue de Provence«On a frisé les 500 degrés»
La société qui gère le local d'archives pleure le sinistre, alors que les pompiers luttent toujours pour éteindre le feu, qui ne serait plus sous contrôle.
«L'origine du feu est visiblement accidentelle, lâche dépité Vincent Bruat, directeur de la société Secur'Archiv. C'est peut-être un court-circuit». L'entreprise genevoise est spécialisée dans le dépôt et la conservation d'archives d'entreprise depuis une vingtaine d'années. «On nous confie des archives mortes ou peu actives», précise-t-il.
Ce sont donc principalement des documents administratifs, comme des fiches de salaires datant de plusieurs années qui encombrent les sociétés, qui sont encore en train de brûler. La plus-value de Secur'Archiv c'est justement la sécurisation de ces documents. Alors pour Vincent Bruat, l'incendie de l'avenue de Provence est «catastrophique».
La succursale lausannoise est ouverte depuis sept ans. 50'000 cartons appartenant à environ 150 clients y étaient entreposés sur une surface de 20'000 mètres carrés, au deuxième sous-sol d'un bâtiment commercial. Secur'Archiv se refuse à donner le détail de ses clients. La société a en renvanche confirmé qu'aucune archive de la commune de Lausanne ne se trouvait sur les lieux du sinistre.
Une sécurité a priori sans failles
Le local était extrêmement sécurisé. Il y avaient foisons de caméras, des barrières infrarouges et bien sûr des détecteurs incendies. D'ailleurs, la direction de Secur'Archiv a pu voir le départ de feu en direct, par caméra interposée. Deux employés se trouvaient également dans le sous-sol au moment où le feu s'est déclaré. «Ils auraient vu des étincelles sortir des moteurs des armoires de classement», explique Vincent Bruat.
Côté dédommagement, la société se veut rassurante. «Nous sommes assurés, affirme le directeur. Et nous essayons d'être proactifs vis-à-vis de nos clients». Concrètement, les entreprises concernées sont informées plusieurs fois par jour de l'évolution de la situation. Et une fois que le feu sera circonscrit, tout sera mis en œuvre pour tenter de sauver ce qui peut l'être encore.
460 degrés à l'intérieur du bâtiment
Sur le front de l'incendie, l'heure n'est plus à la sauvegarde des biens, mais à la stabilisation de la température à l'intérieur du sous-sol. Jean-Luc Berney, chef du service protection et sauvetage de la Ville de Lausanne, explique qu'il ne faut pas que le mercure atteigne les 600 degrés sur le lieu du foyer sinon la structure du bâtiment pourrait être touchée. Il pourrait alors menacer de s'effondrer. «On a mesuré un pic à 460 degrés, précise le lieutenant-colonel, mais pour le moment on maintient la température en-dessous de 450 degrés».
L'incendie est particulièrement difficile à maîtriser compte tenu de l'accès ardu au foyer. Certains rayonnages sur lesquels étaient entreposés les cartons se sont effondrés les uns sur les autres, les rendant presque impossible à atteindre. «C'est un véritable labyrinthe», commente le gradé. Les 100 pompiers présents sur place ont donc changer de stratégie. Alors qu'ils essayaient de réduire au maximum les dégâts d'eau au début de leur intervention, ils arrosent désormais le sinistre à raison de 4'500 litres par minute. Mais même avec ces énormes quantités, les sapeurs devraient poursuivre leur combat jusqu'à demain au moins.
Selon le site internet securarchiv.ch, le feu ne serait plus sous contrôle. Il semblerait également que «la destruction totale du bâtiment n'est plus à exclure pour l'instant».