Vaud/CamerounJeune retraité empêché de vivre son amour en Suisse
Marié légalement à Yaoundé, un Romand se bat depuis 19 mois pour faire valider ses noces ici. La justice a mis son veto.

Augustine et Dominique se sont mariés en juin 2013, mais vivent séparés depuis les premiers jours.
«Pourquoi cet acharnement? J'ai juste envie de passer ma retraite avec ma femme!» Dominique, 66 ans, est dégoûté. Voilà dix-neuf mois qu'il mène un combat contre l'Etat civil vaudois. A la fin de l'année dernière, le Tribunal cantonal lui a donné tort. En cause: son mariage célébré en juin 2013 à Yaoundé avec Augustine, une Camerounaise de 15 ans sa cadette. Parfaitement valable en Afrique, l'union n'a jamais été enregistrée par le Service de la population vaudois. L'ambassade comme l'administration sont convaincues que les documents attestant du célibat de Madame ne sont pas authentiques et que celle-ci est déjà mariée. D'où l'action en justice entamée par Dominique. «La Suisse n'a pas à juger les décisions prises par un autre pays», peste-t-il.
Le hic, c'est que sa nouvelle épouse indiquait être mariée en 2010, sur une demande de visa pour la France. «Un mensonge pour augmenter ses chances de succès, réfute Dominique. Elle ne l'a jamais été auparavant.» Il n'empêche que les autorités helvétiques se sont alors méfiées des papiers officiels présentés par le couple. Selon l'Etat de Vaud, «les falsifications de documents sont fréquentes au Cameroun». Et une autre procédure de mariage entamée par Augustine en 2011 avec un Valaisan avait échoué pour les mêmes raisons.
Faute de moyens suffisants pour aller au Tribunal fédéral, cet ancien chauffeur de car tentera encore d'écrire au Président de la République camerounaise Paul Biya. En attendant de revoir son épouse, à Yaoundé.
Pas toujours simple de convoler à l'étranger
Les autorités suisses ont l'obligation légale de procéder à des vérifications avant de transposer à l'Etat civil des mariages célébrés à l'étranger. La capacité civile matrimoniale doit notamment être établie. C'est-à-dire qu'il faut soit être célibataire, soit prouver que le précédent mariage a été annulé ou dissous judiciairement. Pour y parvenir, les ambassades suisses peuvent mandater un avocat-conseil local. A noter qu'un mariage peut tout à fait être reconnu légalement dans un pays et pas dans un autre.