VaudUne taxe cantonale sur les boissons sucrées
Pierre-Yves Maillard a présenté vendredi son contre-projet dont l'objectif est de financer une partie des soins dentaires.

Au total, les coûts de ce dispositif sont estimés à 38 millions de francs.
Keystone/ArchivesLe Conseil d'Etat vaudois veut introduire pour la première fois une taxe cantonale sur les boissons sucrées pour financer une partie de la prise en charge des soins dentaires. Son contre-projet à une initiative de la gauche mise aussi sur une hausse des cotisations salariales.
Si cette taxe sur les boissons sucrées de maximum 30 centimes par litre passait, «nous serions précurseurs en Suisse», a souligné vendredi Pierre-Yves Maillard, ministre de la santé, à Lausanne. Il présentait à la presse l'alternative du gouvernement à l'initiative cantonale pour le remboursement des soins dentaires.
Le socialiste ne propose pas de créer une assurance mais un dispositif de prévention et de prise en charge des soins. Divisé en trois volets.
Les jeunes
Premier volet pour les plus jeunes. Avec ce modèle, tous les enfants et adolescents jusqu'à 18 ans voient leurs soins dentaires (hors orthodontie) pris en charge à hauteur de 50%.
Durant la scolarité, des examens bucco-dentaires bisannuels sont gratuits. Quant aux tout petits, leurs parents sont encouragés à leur souscrire une assurance dès la naissance, via une incitation de 200 francs.
3% du revenu
Côté adultes, des aides financières sont prévues pour les frais importants. Ceux-ci devront excéder 3% du revenu net et seront pris en charge à concurrence de 5000 francs.
Le troisième volet s'adresse aux personnes bénéficiaires de soins à domicile ou séjournant dans des EMS. Les premières ayant souvent peu de contact avec des médecins dentistes, le dispositif propose par exemple que le personnel infirmier les dépiste et les adresse si nécessaire à des spécialistes.
Cofinancement
Les coûts de ce dispositif sont estimés à 38 millions de francs. «Nous proposons de les financer essentiellement par deux sources», a précisé Pierre-Yves Maillard. «Une légère taxe cantonale sur les boissons sucrées et un léger relèvement des cotisations des salariés et des indépendants de maximum 0,06%».
Les communes, qui participent déjà à ces coûts à hauteur de 1,8 million, continueront de contribuer dans la même mesure mais le modèle sera harmonisé.
Pourquoi les boissons?
La grande nouveauté réside à n'en pas douter dans la taxe sur les boissons sucrées. Mais pourquoi viser ce type de produit? «Parce qu'on sait qu'il y a des risques sanitaires comme l'obésité, les caries ou le diabète qui sont en lien avec leur consommation», justifie Christine Cunier, médecin-dentiste conseil de l'administration cantonale. «Sa consommation est en outre élevée chez les jeunes et au niveau des boissons, c'est une prise rapide et facile de sucre», poursuit-elle. A quoi s'ajoutent les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé.
Dans la pratique vaudoise, le prélèvement se fera chez les grossistes qui distribuent ces boissons sur le sol cantonal. Les boissons avec alcool ne sont pas concernées.
Un bon pas
Du côté des initiants, à l'image du secrétaire de solidaritéS Vaud Pierre Conscience, on estime que «le projet va dans le bon sens mais pas assez loin». Et de défendre le texte de l'initiative qui instaure «une couverture intégrale».
Dans un communiqué, POP et solidarités soulignent le caractère tardif du contre-projet présenté deux ans et demi après le dépôt de l'initiative. Reste qu'ils ne s'y opposent pas. Ils appellent ainsi le parlement à le soutenir mais encouragent plutôt peuple et élus à opter pour leur initiative.
Le PS lui salue le texte de son ministre. Il y voit un projet ambitieux et pertinent.
Méfiance à droite
Du côté du PLR, on se dit «méfiant». Le parti est d'accord avec le renforcement de la prévention «mais ne souhaite pas créer une nouvelle loi qui viserait à déresponsabiliser le citoyen et à faire passer à la caisse les salariés, les indépendants et tous les consommateurs responsables».
Et d'ajouter que le domaine du social capte déjà la plus grande partie du budget de l'Etat. Avant de se positionner définitivement, le PLR veut attendre, analyser le projet et consulter les acteurs concernés. (nxp/ats)