Petite victoire d'Attac dans le «Nestlégate»

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EspionnagePetite victoire d'Attac dans le «Nestlégate»

Le Tribunal d'accusation a tranché. L'ordonnance de non-lieu rendue par le juge d'instruction cantonal Jacques Antenen est annulée.

Didier Bender / mfe
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Didier Bender / mfe

Le dossier du «Nestlégate» retourne chez le juge d'instruction cantonal. Ce dernier va devoir procéder à un complément d'instruction, avant de rendre une nouvelle décision. Le Tribunal d'accusation a admis partiellement le recours d'Attac.

L'enquête sur l'infiltration de l'organisation altermondialiste n'est pas terminée. En 2003 et 2004, une employée de Securitas avait joué la taupe au sein d'Attac pour le compte de Nestlé. Sous le pseudonyme de Sara Meylan, la jeune femme s'était faite passée pour une membre de l'organisation. Elle avait livré des comptes-rendus détaillés des réunions du groupe de militants qui préparaient un ouvrage sur la multinationale basée à Vevey.

«C'était une instruction très lacunaire»

«Cette décision du Tribunal d'accusation démontre que l'instruction du juge était très lacunaire et mal menée, commente Florence Proton, d'Attac Suisse. Il s'est basé uniquement sur la bonne foi de Nestlé et de Securitas. Selon ces sociétés, l'espionnage a cessé en 2004. Or nous avons des preuves flagrantes qu'en septembre 2008, une nouvelle espionne était toujours active au sein d'Attac. Elle l'a officiellement dit dans les médias.»

«C'est une victoire importante pour Attac, note Jean-Michel Dolivo, avocat défenseur de l'organisation altermondialiste. L'instruction va devoir déterminer quels types de rapports à dresser la troisième espionne pour pouvoir dire si ou ou non il y a eu violation du code pénal». Il rajoute: «Elle n'est pas exclue d'emblée selon le Ministère public». La durée de l'espionnage et son résultat doivent être instruits plus en avant.

«Les rapports sont très détaillés»

L'organisation altermondialiste ne doute pas qu'il y a eu des enregistrements lors de ses réunions, même si, selon le juge d'instruction cantonal, rien ne le prouvait. «Nous attendons des compléments d'informations, et notamment une expertise linguistique des rapports d'espionnage, précise Florence Proton. Nous savons que les espionnes ne prenaient pas beaucoup de notes. Et il y a beaucoup trop de détails dans les rapports, ce qui fait penser qu'il y a bien eu des enregistrements».

Le juge d'instruction cantonal réagit

«Me Dolivo n'a pas eu accès au contenu de l'arrêt, réagit le juge d'instruction cantonal, Jacques Antenen. D'ailleurs, aucune des parties ne connaît les considérants du Tribunal. L'avocat ne sait pas sur quoi son recours a été partiellement admis ou rejeté. Je lui laisse la responsabilité de ses propos.»

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