Lausanne«Je m'en bats les cou***** qu'il soit mort ou pas!»
Un individu vient d'être condamné à de la prison ferme pour avoir frappé une victime agonisante au sol et ne pas avoir appelé les secours.

Après une dispute violente et une fuite en pleine nuit, la victime avait chuté dans ces escaliers, entre la place du Tunnel et la place de la Riponne.
«Je m'en bats les couilles qu'il soit mort ou pas!» C'est ainsi qu'Ibrahim*, l'accusé principal poursuivi au Tribunal correctionnel pour, notamment, mise en danger la vie d'autrui et non assistance à personne en danger, s'est exprimé aux enquêteurs sur le sort de la victime retrouvée décédée le 31 décembre 2014, vers la place de la Riponne, à Lausanne. Le président de la Cour, qui le décrit comme un individu «dangereux, sournois, dénué de scrupules et de tout sens moral», a rappelé ce mardi après-midi, lors de la lecture du verdict, que le prévenu n'avait pas hésité à lui donner des coups de pieds et de poings au visage, alors qu'il gisait inconscient sur le sol,après une chute dans des escaliers, puis à le détrousser.
Pourtant, les juges n'ont pas pu retenir contre ce délinquant étranger multirécidiviste la charge de mise en danger de la vie d'autrui. Ni même le dol éventuel (ndlr: le fait qu'il avait envisagé que la mort pouvait intervenir non comme but en soi, mais comme conséquence). La victime est décédée en raison de lourds problèmes cardiaques chroniques, sans omettre le fait aggravant pour sa santé qu'elle avait consommé de l'alcool et de la cocaïne cette nuit-là. Le rapport d'autopsie est clair: ce ne sont pas les coups qui ont entraîné le décès. Et Ibrahim ne pouvait pas connaître l'état de santé fragile de cet individu qui l'avait frappé avec une bouteille lors d'une dispute, peu avant la fuite et la chute. Conséquences sur le plan civil: la famille du défunt ne pourra pas prétendre à des dommages et intérêts.
Absence de prêter secours à autrui
Toutefois, la Cour a condamné Ibrahim, ainsi qu'un de ses copains présents la nuit du drame, pour absence de prêter secours à autrui. Le premier écope de 3 ans et demi de privation de liberté ferme (y compris pour divers vols et autres infractions commises); le second, témoin passif qui n'a pas daigné venir assister mardi à la lecture du verdict, à 6 mois et demi. La procureur, elle, avait requis 5 ans et demi de prison pour mise en danger de la vie d'autrui ainsi que pour divers vols.
Secouru trop tard
Le 31 décembre 2014 au petit matin, après avoir couru derrière la victime puis violemment frappé et volé, Ibrahim l'a abandonné à son sort, inanimé. Il s'est ensuite rendu à l'Hôtel de police proche, pour déposer plainte contre lui, mais sans indiquer à l'agent ce qui venait de se passer et dans quel état inquiétant était son comparse marocain, agonisant par terre dans le froid, non loin de là. Ce n'est que 20 ou 30 minutes plus tard que le copain d'Ibrahim, témoin de la scène avec un autre individu, a averti les secours par téléphone. D'après des experts, la victime aurait probablement pu être réanimée si elle avait été prise en charge plus rapidement par des professionnels.
Il ne veut pas quitter la Suisse
Incarcéré provisoirement depuis le 31 décembre 2014, Ibrahim pourra déduire de sa condamnation ses jours de détention déjà effectués. Quant au président du tribunal, il a souligné que la liberté conditionnelle n'était à envisager qu'avec une extrême prudence, en raison de la personnalité de l'individu et son attitude en milieu carcéral où il a déjà subi 8 sanctions disciplinaires. Ibrahim, lui, aurait déclaré à la justice que malgré son séjour illégal et ses nombreuses condamnations pour vols, brigandages et menaces, il ne quitterait jamais la Suisse.
*prénom d'emprunt