Livraison à Nyon (VD)«Elles ne travaillent pas en petite tenue»
Une nouvelle société qui propose des pizzas à domicile n'a engagé que des livreuses jeunes et jolies. Un concept qui offusque le Canton.
«C'est choquant: on est là devant un cas qui pourrait être de la discrimination directe.» Déléguée à l'égalité dans le canton de Vaud, Magaly Hanselmann s'est frotté les yeux en découvrant l'offre d'emploi d'une société de livraison de pizzas. L'établissement, qui devrait ouvrir ces jours à Nyon, demande «des livreuses, femmes uniquement (...) d'excellente présentation, jeunes et dynamiques», y lit-on.
Pour Magaly Hanselmann, le texte pose problème au niveau de la loi sur l'égalité. Mais pas seulement. «Faire livrer ces femmes sexy seules n'a aucun sens. C'est les mettre potentiellement dans une situation délicate. En cas de harcèlement, cet employeur n'est pas à l'abri d'un dépôt de plainte.»
Le propriétaire assume
Ces critiques, le patron les attendait. «Quand j'en ai parlé à ma propre sœur, elle a voulu m'étrangler, reconnaît Peter Zehetbauer. Mais notre concept est novateur. Je suis convaincu qu'il répond à une demande.» Les accusations de sexisme? Il les balaie. «Je suis transparent avec mes employées. Et elles ne travaillent quand même pas en petite tenue! Si on m'attaque, je saurai me défendre.» En outre, il précise que les livreuses seront toutes équipées de bombes lacrymogènes, «au cas où».
Quatre jeunes femmes ont déjà été engagées. «Dont un mannequin», se félicite Peter Zehetbauer. Certains mâles ont postulé, sans succès. Mais d'après le patron, tous l'ont bien pris une fois le concept expliqué. «Les pizzaiolos, eux, sont tous des hommes!» conclut-il dans un sourire.