Canton de VaudSuspension des turbines pour sauver les poissons
Une centrale hydroélectrique a décidé de suspendre ses turbines pour sauver la vie de poissons heurtés par les pales.
Le groupe VOénergies suspendra la production de la centrale hydroélectrique des Moulinets à Orbe (VD) lorsque le débit de la rivière est inférieur à 5m3/s, et ce jusqu'à la mi-janvier 2017. La mesure annoncée vendredi doit permettre de sauver la vie de poissons heurtés par les pales.
Pêcheurs et milieux de défense de la nature lançaient un coup de gueule mi-octobre: le barrage du Moulinet, reconstruit et inauguré en 2013, est un obstacle mortel pour les poissons qui fraient. Parmi eux, la truite lacustre, une espèce menacée.
Pourtant l'installation est dotée d'un ascenseur à poissons. Problème: la quantité d'eau relâchée par l'ascenseur est trop faible et ne suffit pas à «appeler» les poissons. Ceux-ci suivent le courant le plus fort et cherchent à remonter par la turbine, où ils sont heurtés par les pales.
Vendredi, une réponse de VOénergies, exploitant du site, et du Canton est tombée. Le groupe interrompt provisoirement le turbinage lorsque le débit de la rivière permet aux poissons de remonter le courant jusqu'aux installations.
Pas de consultation
«Nous espérons que ça marchera, mais nous ne savons pas trop sur quelles bases cela a été décidé. Nous n'avons pas été consultés», commente Christophe Estermann, coprésident d'Orbe Vivante, interrogé par l'ats.
Et d'estimer que la période durant laquelle la mesure est appliquée est courte. «Le frai peut aller jusqu'à début avril, alors pourquoi s'arrêter à mi-janvier?», s'interroge-t-il.
Selon Martine Favre, directrice générale de VOénergies, cette mesure a été prise de manière urgente. On estime que janvier est la période de frai la plus importante, a-t-elle expliqué. Elle a rappelé que la mesure, prise après coordination avec les services de l'Etat, entraînera une perte de production estimée à 130'000 kWh, soit la consommation d'une trentaine de ménages.
Selon les chiffres de la DGE, depuis 2013, une vingtaine de truites lacustres et quelques centaines de corégones ont été tués sur le site. «On remonte 200 truites par an par l'ascenseur et les pêcheurs en pêchent 4000 par année. Il faut replacer les choses dans leur contexte», a relevé Mme Favre.
Des études sont poursuivies pour apporter une solution durable au problème pour la prochaine saison de migration. (ats)