Les hermaphrodites suisses s'attaquent au CIO

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LausanneLes hermaphrodites suisses s'attaquent au CIO

Une manifestation de soutien à l'athlète sud-africaine Caster Semenya se tiendra jeudi devant
le siège de l'organisation.

par
Raphaël Pomey

Homme ou femme? Le cas de Caster Semenya divise la planète sport depuis sa victoire au 800 m féminin lors des championnats du monde d'athlétisme, en août. Pour les hermaphrodites suisses, l'humiliation de la jeune athlète a assez duré. Devant le siège du CIO, ils demanderont jeudi que les fédérations sportives se dotent enfin d'une réglementation claire sur la participation des intersexués aux grandes compétitions.

«Il n'est plus tolérable que l'on demande quasiment aux athlètes de se dénuder en public pour prouver leur sexe», tonne Daniela Truffer, organisatrice de la manif. La réunion se tiendra un jour avant que l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF), partenaire du CIO sur cette question, décide de l'avenir de l'athlète.

Pour Gérald Gremion, médecin du sport au CHUV, l'agitation autour du genre de Semenya n'a rien d'anormal: «Avec un déséquilibre hormonal, elle est avantagée par rapport à une femme. Soit il faut la faire concourir avec d'autres hermaphrodites, soit avec les hommes.» Un avis que ne partage pas Lucie Schoch, chercheuse en science du sport. «Elle risque de devoir rendre sa médaille alors qu'il n'y a eu aucune tricherie de sa part. Ce qu'elle endure est terrible.»

Au CIO, on se dit serein face à la manifestation des hermaphrodites. L'organisation annonce la tenue d'un congrès avec l'IAAF sur la question des intersexués, en janvier 2010.

La vie de souffrance d’un intersexué

Née avec un micropénis et des testicules, Daniela Truffer est en guerre contre les médecins trop interventionnistes. «Dans l’écrasante majorité des cas, on est opéré étant bébé pour correspondre à un sexe qu’on a choisi pour nous. C’est une forme terrible de mutilation», explique cette Zurichoise dans la quarantaine. Chez elle, le sujet de ces opérations était tabou à la maison. Elle a découvert la vérité sur son corps à l’âge de 35 ans.

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