LausanneDes Roms considèrent les étrangers comme impurs
La thèse d'une anthropologue tessinoise à l'Unil se penche sur le mode de vie des communautés étrangères des gens du voyage et leur rapport à la propreté.
Docteure en anthropologie, la Tessinoise Nadia Bizzini est également médiatrice dans son canton pour les gens du voyage. Elle vient de défendre à l'Université de Lausanne une thèse sur le mode de vie de certains Roms et sur les interactions de ces communautés avec les autorités suisses et la population, comme le relève «24heures» ce jeudi. Leur rapport à l'hygiène et la propreté est, notamment, abordé. Sujet ô combien sensible!
Vaud, Fribourg, Valais, Jura, la plupart des cantons ou communes qui accueillent, volontairement ou sous le coup du fait accompli, des Gitans étrangers chaque année se plaignent régulièrement de l'état catastrophique dans lequel ces derniers abandonnent les terrains ou les aires d'accueil. WC détruits, excréments projetés contre des murs ou disséminés dans les champs et forêts voisins, détritus en tout genre abandonnés sur place... Des comportements récurrents incompris qui choquent et exaspèrent.
Selon les propos de la chercheuse Nadia Bizzini, retranscrits par «24heures», les nomades de l'étranger n'ont pas l'habitude de faire leurs besoins dans la nature, ce ne serait qu'un «pur préjugé» de notre part. La preuve, selon elle? Quand des membres d'une famille gitane se trouvent dans une maison munie de toilettes, ils les utiliseraient normalement. Les Roms auraient aussi une notion assez précise de qui est sale et de ce qui est propre.
Alors pourquoi laissent-ils si souvent derrière eux des aires d'accueil ou des champs dans des états aussi déplorables? Selon l'anthropologue tessinoise, certains Roms considèrent ces lieux mis à leur disposition comme des «territoires étrangers, appartenant aux autres, aux étrangers.» Et donc placés dans le «domaine de l'impur. De leur point de vue, la saleté se trouve donc dans le bon endroit.» La chercheuse universitaire en déduit que c'est une façon pour eux «d'exprimer symboliquement la façon dont ils considèrent» les étrangers qui les accueillent...
Précision:
Dans une première version mise en ligne sur notre site, nous faisions mention des Roms en général, sans spécifier de quelles nationalités il s'agissait. Auteure de la thèse universitaire, Nadia Bizzini a contacté «20 minutes» lundi 1er février afin de préciser que son travail de recherche anthropologique ne s'est basé que sur des gitans d'origine italienne, espagnole et française et de passage au Tessin. Il est rare de rencontrer des Roms de Bulgarie et de Roumanie dans le canton italophone. Or, ces familles Roms roumaines et bulgares, souvent sédentarisées dans leurs pays d'origine, ne se comportent pas de la même façon et ne semblent pas avoir le même rapport avec les lieux d'accueil «étrangers».