VaudLes vignerons pour la bouteille de 70 cl
70 ou 75 centilitres? Les vignerons vaudois ont choisi de défendre leur spécificité.

Une bouteille de 75 cl ou de 70 cl? Le choix divise.
L'abandon des bouteilles de vin de 70 cl au profit de la norme européenne de 75 cl divise. Si Coop et les consommateurs estiment qu'une règle uniforme serait plus claire, les vignerons vaudois tiennent à leur spécificité. Denner estime que la cohabitation des deux n'est pas problématique.
«La bouteille vaudoise de 70 cl ne va pas disparaître», a déclaré jeudi à l'ats Gilles Cornut, président de la Communauté interprofessionnelle du vin vaudois. «Il est très rare que deux variantes soient proposées dans une procédure de consultation. Cela montre que le sujet est sensible».
Dans la variante A, aucune valeur pour la quantité nominale des vins et spiritueux ne serait prescrite pour la consommation nationale. Pour obtenir la marque «e», les bouteilles devraient toutefois être conformes aux directives européennes, soit notamment un contenant de 75 cl. Dans la variante B, il serait interdit d'utiliser les bouteilles de 70 cl, même en Suisse, passé un certain délai de transition.
La variante A est la préférée de la Fédération suisse des vignerons car elle permet notamment de conserver la spécificité vaudoise. «Il faut respecter la liberté du commerce. Que dire alors des autres boissons, comme les eaux minérales, bières ou jus de fruits où il existe des contenants de tout format», ajoute Gilles Cornut.
Pas assez transparent
En n'autorisant que des bouteilles à 75 cl, «le marché serait plus transparent», indique au contraire Coop. Si les ventes de bouteilles de 70 cl de vin restaient autorisées, il faudrait que l'ordonnance soit modifiée de façon que le prix de base (au cl par exemple) soit indiqué. «C'est une sous-variante possible», estime l'Office fédéral de métrologie (METAS) qui rendra sa décision au cours de l'an prochain.
Si Coop souhaite cette précision sur le prix, c'est que son concurrent direct dans ce domaine - soit Denner - propose de nombreuses bouteilles de 70 cl. Selon certains experts, la différence de contenant entre 70 et 75 cl permet de vendre des vins plutôt chers à meilleur prix.
Sans surprise donc, Denner, dont le tiers du chiffre d'affaires est réalisé avec des vins suisses, souhaite conserver la pratique actuelle qui autorise la cohabitation de bouteilles de vin 70cl/ 75cl. «Si l'obligation de passer de 70 à 75 cl entrait en vigueur, de nombreux producteurs de vins verraient leurs ventes de bouteilles diminuer», prévoit le distributeur.
De son côté, la fédération alémanique des consommateurs SKS estime que, malgré les spécificités suisses, les bouteilles d'un contenant de 70 cl ne devraient plus subsister. «A l'oeil, on ne peut pas reconnaître une bouteille de 70 ou 75 cl et le consommateur part de l'idée qu'il s'agit d'un contenant de 75 cl car c'est le plus vendu». Une règlementation du domaine amènerait plus de «sécurité juridique».
Vetropack, seule verrerie du pays, confirme que plus de 75% de ses 130 millions de bouteilles vendues en Suisse chaque année sont d'un contenant de 75 cl. Une harmonisation permettrait certes de réduire les coûts de fabrication mais cela entraînerait également davantage de concurrence internationale, observe Laura Veneziani, product manager. Actuellement, Vetropack a l'exclusivité sur les bouteilles de 70 cl.
Emballages: plus de transparence
Concernant la révision prévue par l'ordonnance au niveau des emballages, la Fédération romande des consommateurs (FRC) salue la transparence dans l'indication des quantités. Ainsi, le papier d'emballage ne sera plus vendu au prix de la marchandise et la lisibilité des indications - taille minimale de caractères - sera améliorée.
La FRC et son homologue alémanique SKS (Stiftung für Konsumentenschutz) déplorent toutefois la suppression de l'article 18 sur les emballages trompeurs. La révision prévoit qu'il faudra recourir à une procédure civile pour se déterminer dans le cas d'un emballage trompeur.
Autant dire que le consommateur ne passera pas devant un tribunal pour faire valoir ses droits pour un paquet de morilles séchées, note la FRC. Actuellement, c'est l'Office fédéral de métrologie qui règle ces litiges, une solution «beaucoup plus favorable» aux consommateurs. La FRC demande donc le maintien de l'article 18 de l'ordonnance en vigueur. (ats)