Croix et croissant unis dans une salle de prière

Alignés par rangées, épaule contre épaule, les chaussures laissées à l'entrée, ils devraient être des centaines de musulmans à prier le 25 octobre dans une salle de la paroisse protestante de Payerne. Dépourvue de lieu de culte, la communauté musulmane de la capitale de la Broye s'est tournée vers l'Eglise évangélique réformée.

Tout un symbole, à l'occasion de l'Aïd, la plus grande fête musulmane. Le conseil synodal a donné son accord à cette démarche atypique. «Refuser d'accueillir celui qui en a besoin, c'est ne plus être en harmonie avec l'Evangile», opine le pasteur Laurent Zum¬stein. Mais cet accord inédit ne manque pas de faire jaser quelques fidèles au sein des deux communautés. «Oui, j'ai reçu deux lettres de protestation», admet le pasteur.

Idem pour le représentant des musulmans payernois, Mehdi Shahini, qui reconnaît avoir entendu ici ou là des remarques de désapprobation. «Mais c'est une minorité», précise-t-il. Selon l'imam genevois Soufiane Mehadjri, «l'islam n'interdit pas à ses adeptes de prier dans une église. A condition qu'ils n'aient pas d'autre endroit disponible et que le lieu n'ait pas de statues.» Autant de critères qui prévalent dans le cas payernois.

L'agent pastoral laïc Dominique Voinçon, de la paroisse catholique, a décidé d'assister à l'office des musulmans. «J'ai été marqué par mon expérience dans un village du Burkina Faso. Musulmans et chrétiens vivaient en symbiose toutes les fêtes religieuses.»