LausanneDes groupes WhatsApp pour animer les quartiers
Afin de créer du lien social, trop rare en ville, un simple citoyen veut connecter les voisins.

Des buvettes redonnent déjà vie à certains quartiers, comme ici à Montriond.
rmf«J'ai habité quelques temps dans un village, mais en revenant vivre à Lausanne, j'ai réalisé le peu de lien qui y existe», raconte Julien Jay. Ce simple citoyen a décidé de s'engager pour sa ville, en facilitant les rapports de voisinage. Sa solution: créer des groupes WhatsApp par quartier. «Le but est que les gens puissent échanger, se retrouver autour d'activités, découvrir les commerces du coin, ou encore s'entre-aider.»
Déjà deux groupes ont vu le jour, pour le quartier Sous-Gare/Ouchy et pour la longue Avenue de Cour. Parallèlement, une trentaine de groupes thématiques des plus divers réunissent les amateurs de balades, les parents, les clubbers, les sportifs, les fans de jeux de société ou encore les personnes engagées dans la vie civique. D'autres répertorient les ventes d'occasion, les commerces de proximité ou proposent aux voisins de s'offrir les restes de leurs repas. Une page sur Facebook et sur l'application Discord complètent le tableau.
Près de 150 personnes par groupe
Objectif, réunir 4% de la population. Lancé en février, le premier groupe test de Montriond/Cour réunit déjà 130 personnes, soit plus de 2% des habitants. «J'ai aussi des gens qui me contactent par téléphone, soit parce qu'ils ne sont pas sur WhatsApp, soit parce qu'ils n'ont pas envie de recevoir de notifications», explique ce gendarme de profession. Expérience faite, même mis sous silence, les groupes émettent des notifications fréquentes, qui peuvent effectivement être rédhibitoires pour certains.
A terme, le Lausannois aimerait organiser des réunions hebdomadaires par secteur. Forcément, ce projet prend du temps, et nécessite des règles strictes. Créée pour l'occasion, l'association Voisins du Quartier a donc fait appel à la Ville, qui promeut actuellement une politique active des quartiers. «On veut que ça reste un concept à but non lucratif, donc si la Ville pouvait s'en occuper de façon professionnelle, ce serait parfait», indique-t-il.
Prêter son caquelon à fondue
A notre connaissance, le concept de groupes de quartier est une première dans la région. Des WhatsApp d'immeuble sont toutefois en train de voir le jour, et ont un avantage par rapport aux affichettes collées dans le hall: ils permettent de discuter de problèmes avec la régie, ou d'être plus réactif sur l'organisation interne.
Dans le même genre, le site Pumpipumpe permet de mettre à disposition des membres des objets aussi divers que son caquelon à fondue, sa perceuse ou sa paire de raquettes. Une carte et des autocollants sur les boîtes aux lettres permettent ensuite de chercher ce dont on a besoin dans son quartier.
Une initiative à examiner
Municipal en charge des quartiers, David Payot a bien reçu cette sollicitation, qui n'a pas encore pu être examinée. «Tout dépendra de la charge de travail nécessaire, il faudra voir si le jeu en vaut la chandelle, indique l'élu. Nous sommes ouverts aux nouveaux moyens de communication, qui peuvent faciliter les échanges et sont faciles à intégrer. Toutefois, nous restons attentifs à ne pas oublier les moyens matériels.» En parallèle, la Ville réfléchit à développer sa propre communication via ces nouveaux moyens.
Un Municipal déjà conquis
A titre personnel, son collègue Pierre-Antoine Hildbrand participe à l'un de ces groupes, et se réjouit de cette initiative privée. «Je vois les propositions de partage de fruits et de salades entre voisins via ce groupe, sourit-il. Je salue évidemment cette initiative. Dans les villes où on se croise trop souvent sans se connaître, tout ce qui crée du lien social et réinvente l'engagement associatif est le bienvenu!»