Fernand Melgar: «Oui, j'ai peur pour ma sécurité»

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VaudFernand Melgar: «Oui, j'ai peur pour ma sécurité»

Le cinéaste de 56 ans se dit menacé et intimidé par des dealers et des personnes proches de l'extrême gauche depuis son ras-le-bol contre le trafic de drogue.

par
Abdoulaye Penda Ndiaye
Fernand Melgar devant un mur tagué à Lausanne. Le cinéaste est le réalisateur du documentaire "Vol spécial" qui évoque la problématique du renvoi de demandeurs d'asile déboutés.

Fernand Melgar devant un mur tagué à Lausanne. Le cinéaste est le réalisateur du documentaire "Vol spécial" qui évoque la problématique du renvoi de demandeurs d'asile déboutés.

APN

Dimanche 10 juin, 11 h 30, rue du Maupas à Lausanne. Yeux exorbités, visage déformé par la peur, Fernand Melgar observe deux Africains maigrichons qui le regardent fixement. «Ce sont des dealers. Ils vont venir m'attaquer», s'inquiète le réalisateur qui semble être dans un état second. Subitement, les deux hommes s'éclipsent: ils ont aperçu une patrouille de police. Trois heures plus tôt, apeuré, le cinéaste dit avoir détalé devant cinq à six dealers en furie. «Un d'entre eux a crié: «Les gars, c'est le mec dans le journal, venez!» Ils se sont dirigés vers moi. J'ai couru. Je vais porter plainte», affirme Fernand Melgar.

«On sait où tu habites»

Depuis ses déclarations contre le trafic de drogue à Lausanne, Fernand Melgar se dit victime de menaces et d'intimidations. «Oui, j'ai peur pour ma sécurité. Il y a quelques jours, des personnes m'ont contacté sur Facebook pour me dire: «on sait où tu habites». En deux semaines, j'ai déjà sollicité à deux reprises la protection de la police. L'autre soir à Lausanne, cinq hommes d'un collectif d'extrême gauche m'ont suivi. Et je peux vous dire qu'ils ne me voulaient pas du bien», poursuit le documentariste vaudois.

Rejeté par le milieu du cinéma

La publication sur les réseaux sociaux de photos d'Africains qu'il accuse d'être des trafiquants de drogue lui a valu des soutiens mais aussi quelques déboires, comme l'annulation d'un cours qu'il devait organiser à la Haute école d'art et de design de Genève. Ces images ont attiré une autre salve du milieu du cinéma contre Fernand Melgar. Dans une lettre ouverte, quelque 200 personnes ont estimé que leur diffusion était «inacceptable et contraire à toute éthique documentaire».

Une position opportuniste?

Selon un de ses détracteurs, Fernand Melgar se sert du combat contre le deal pour assouvir des desseins personnels. «Le timing est parfait pour faire le buzz. Son documentaire «A l'école des philosophes» sort à la rentrée. Passer pour le défenseur des collégiens contre la drogue lui permettra d'assurer la promotion de son film. Mais, il n'a aucune légitimité pour parler au nom du quartier du Maupas», pourfend un Lausannois. «Quand ses jumeaux étaient à l'école St-Roch, on ne l'a jamais entendu évoquer le fléau de la drogue. Maintenant qu'ils sont au gymnase, il veut défendre les écoliers de St-Roch au prétexte que son fils cadet va y être scolarisé. Or, ce sera seulement dans deux ans. Ce n'est pas logique», poursuit ce pourfendeur. Très touché par ces critiques, Fernand Melgar les rejette en bloc. «Je suis cinéaste, pas chasseur de dealers. J'ai connu le deuil du père car j'ai déjà perdu un fils. C'est indécent d'imaginer que je puisse me servir du décès d'un jeune victime de la drogue pour faire la promotion de mon film», s'est-il indigné en larmes.

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