LausanneLe harcèlement de rue touche 3 femmes sur 4
Une étude confirme que le phénomène est réel dans la capitale vaudoise. Il génère un sentiment d'insécurité pour les femmes, en particulier pour les plus jeunes.

Le harcèlement de rue est bien une réalité à Lausanne. Selon une enquête exploratoire, 72% des femmes de 16 à 25 ans interrogées y ont été confrontées au moins une fois cette année. L'exécutif entend agir de manière ciblée contre le phénomène.
Suite à une interpellation déposée au Conseil communal début 2016 après les événements de Cologne, la Municipalité a chargé l'observatoire de la sécurité de mener une enquête pour mieux cerner le harcèlement de rue à Lausanne, a expliqué Pierre-Antoine Hildbrand, directeur de la sécurité et de l'économie lundi devant la presse à Lausanne.
Mené avec l'institut de recherche Idiap affilié à l'EPFL, le sondage non exhaustif a été réalisé auprès de 210 personnes dont 90% de femmes plutôt jeunes. Ses résultats confirment que le harcèlement de rue a cours dans la capitale vaudoise, bien qu'il ne soit que très rarement rapporté à la police: seules dix plaintes en moyenne sont déposées chaque année, un chiffre en décalage avec la réalité du phénomène, a souligné le municipal.
Infractions pénales
Conformément aux résultats de sondages dans d'autres villes européennes, les jeunes femmes sont particulièrement touchées, puisque sept sur dix ont été confrontées à au moins un épisode cette année. Et la moitié des victimes ont été harcelées au moins une fois par mois, a relevé Yolande Gerber de l'observatoire de la sécurité.
Le harcèlement de rue se manifeste le plus souvent par des sifflements (88% des cas). Toutefois, d'autres comportements constituant des infractions pénales ont été mentionnés, et ce dans des proportions non négligeables: 63% des victimes ont dit avoir été insultées ou avoir reçu des avances sexuelles et 32% avoir subi des attouchements, tels que frottements ou mains aux fesses, a poursuivi Mme Gerber.
Commis le plus souvent par des groupes d'hommes jeunes ou des dealers, les épisodes se produisent généralement de nuit. Les lieux de harcèlement les plus fréquemment cités par les victimes sont les parcs ou la rue, suivis des bars, restaurants et discothèques, ainsi que la gare CFF. La faible taille de l'échantillon n'a toutefois pas permis d'approfondir la dimension LGBT du phénomène, a-t-elle précisé.
Priorité de la Municipalité
«Les résultats nous ont particulièrement frappés en Municipalité», a souligné M.Hildbrand. Corroborant d'autres études, ils restent marquants dans leur ampleur et confirment le besoin d'action dans ce domaine. Car le harcèlement de rue restreint la liberté des femmes de fréquenter les lieux publics, en particulier la nuit, sans être importunées, intimidées, voire agressées verbalement ou physiquement.
La lutte contre le phénomène figure parmi les priorités fixées par la Municipalité dans le cadre de son programme de législature. D'ici l'été 2017, elle agira selon ses compétences propres afin de préserver l'accès au domaine public pour tous.
Sensibilisation
Le travail sera effectué en coordination avec différents partenaires, a relevé M.Hildbrand. Parmi les mesures prévues, une amélioration de l'éclairage public, une présence policière et non policière dissuasive.
«On compte particulièrement sur les correspondants de nuit pour assurer une présence dans les lieux clés. L'élargissement de leurs horaires fait partie des réflexions», a-t-il indiqué. Les organisateurs de manifestation et les sociétés de sécurité privées seront également sensibilisés.
Autre piste à suivre: renforcer les capacités des victimes potentielles à porter plainte, afin d'améliorer l'identification des auteurs et leur sanction. Une vidéosurveillance n'est en revanche pas prévue.
Une action choc filmée fin novembre à Genève
Des jeunes ont mené une action choc samedi après-midi pour sensibiliser au harcèlement de rue.
(20 minutes/ats)