Un 747 embarque Solar Impulse 2 pour Abou Dhabi

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Payerne (VD)Un 747 embarque Solar Impulse 2 pour Abou Dhabi

Un Boeing 747-400 a atterri lundi vers 16h50 sur l'aérodrome militaire de Payerne. En provenance du Luxembourg, il est venu chercher les pièces détachées de Solar Impulse 2 en vue de son tour du monde.

«C'est un grand jour, car on quitte la Suisse et Payerne, où nous avons reçu un accueil exceptionnel. L'avion quitte le nid», a déclaré lundi à l'ats Bertrand Piccard initiateur et président de Solar Impulse.

«Les prochaines 48 heures vont être un peu tendues, car l'opération est extrêmement délicate», a ajouté André Borschberg, co-fondateur et CEO de Solar Impulse. D'une envergure de 72 mètres, soit huit mètres de plus que le Jumbo Jet qui va l'emmener, le second Solar Impulse a été démonté en plusieurs pièces, raconte-t-il.

L'aile a notamment été désassemblée en trois morceaux de 24 mètres. «Il reste 2 cm de chaque côté de l'entrée pour faire passer les pièces», souligne Bertrand Piccard.

Tard dans la nuit

S'il est conçu pour résister à de fortes turbulences, l'avion solaire est fragile à la manutention. D'un poids de 2300 kg, il est plus grand et plus délicat que son prédécesseur, le HB-SIA, qui avait été envoyé aux Etats-Unis en 2013.

Pour le chargement, les pièces seront placées sur un support spécial conçu pour l'occasion. Elles devront ensuite être solidement arrimées. Une petite erreur pourrait entraîner des retards dans les délais, note André Borschberg. Mais l'équipe de cinq, six spécialistes est bien préparée pour cette opération qui devait se prolonger tard dans la nuit.

Escale à Bâle

Arrivé quasi à vide pour pouvoir atterrir sur la courte piste de 2,2 km de l'aérodrome militaire, le 747 devait repartir mardi matin vers 08h00, chargé des 2300 kilos du SI2. Le géant des airs fera le plein de kérosène et prendra encore un peu de matériel à Bâle, avant de s'envoler pour Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis.

Le coût de l'opération se monte à environ 400'000 francs, contre 500'000 francs pour le transport du premier avion solaire aux Etats-Unis.

Le départ se rapproche

Au sein de l'équipe, ce départ change la perspective d'un projet complexe et qui a connu de nombreuses étapes: «Le tour du monde, cette fois, c'est pour cette année; ça se sent», relate le CEO.

Une fois arrivé à l'aéroport d'Al Bateen à Abou Dhabi, l'avion sera remonté, testé, réajusté. Dès fin janvier, il effectuera quelques essais en vol pour finaliser sa préparation avant le grand voyage prévu fin février. Le programme final sera annoncé à Abou Dhabi le 20 janvier, a précisé M. Borschberg.

Le tour du monde en une douzaine d'étapes devrait durer cinq mois, de mars à juillet. Il devrait passer par l'Inde, la Chine, les Etats-Unis, l'Europe du Sud ou l'Afrique du Nord.

Bertrand Piccard et André Borschberg se relayeront dans le cockpit. «L'un commencera, l'autre finira et nous aurons un océan chacun», relève l'initiateur du projet.

Porte-drapeau de la Suisse

«On peut désormais utiliser Solar Impulse comme symbole démontrant qu'avec des technologies propres, on peut réaliser des choses incroyables», se réjouit l'éco-aventurier. «Le SI2 sera le porte-drapeau de la Suisse. Il montrera son côté innovatif».

En douze ans, le projet a coûté 150 millions. «Nous avons les fonds pour un tour du monde basique. Mais nous cherchons des partenaires pour des programmes et du matériel éducatifs, pour des visites, note Bertrand Piccard. «Plus nous aurons de moyens, plus nous pourrons réaliser de projets», a-t-il ajouté.

Prototype à Paris

Bertrand Piccard ne sait pas encore ce que deviendra le SI2 après son périple autour de la terre. En revanche, le HB-SIA rejoindra la Cité des sciences à Paris. Il y sera transporté en mars par camion. «C'est une chance incroyable. Ce musée des technologies accueille trois millions de visiteurs par an», se réjouit l'éco-aventurier.

Quant à l'équipe de Solar Impulse, elle quittera définitivement ses locaux payernois jusqu'à fin 2015. «Nous aurons sans doute besoin de pièces de rechange durant le tour de monde», note Bertrand Piccard.

L'avion cargo repart avec son chargement mardi vers 8h pour rallier Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis. (ats)

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