LausanneUn camping convoité pour accueillir des nomades
Le Canton négocie avec le propriétaire d'un terrain pour y installer des familles jenisch. Le voisinage s'inquiète.

Le camping du Pra Collet est propriété des Retraites Populaires.
frédéric nejad«Où iront ces campeurs, parfois vulnérables, qui ont investi beaucoup d'argent, de temps et d'amour afin de profiter avec leur famille ou leurs amis de leur coin de paradis le week-end venu?» Ce témoignage illustre l'émotion de certains au Chalet-à-Gobet, sur les hauts de Lausanne: le camping du Pra Collet accueillerait en 2018 des familles nomades suisses. La rumeur croissante est née après l'interview du préfet et médiateur pour les gens du voyage, Etienne Roy, le 13 juillet dernier, à la RTS, et relayée par 20minutes.ch: une piste sérieuse se dessinait enfin, au nord de Lausanne.
Sur place, le gérant des lieux se contente de confirmer que nombre de clients s'interrogent, tout comme des habitants qui résident dans les maisons voisines de ce terrain. Quant aux Retraites Populaires (RP), propriétaires du camping, elles se veulent rassurantes: «Nous avons garanti à tous les clients qu'il n'y aura aucune expulsion», rassure la porte-parole Lorraine Clément. Une autre idée serait de seulement déplacer des habitués afin de pouvoir aménager une partie délimitée du camping pour une quinzaine de famille jenish. Lorraine Clément ne commente pas et renvoie vers le Canton «qui gère le dossier».
Mais selon nos sources, le responsable immobilier de RP, Alain Lapaire, a été vu avec Etienne Roy en 2015, déjà, à Pra Collet. Le Canton confirme seulement que des discussions sont en cours. Quant à la Ville de Lausanne, elle n'aurait pas été encore sollicitée.
Minorité nationale reconnue par la Constitution
Les Jenisch sont une communauté suisse de gens du voyage. La Constitution la reconnaît comme minorité nationale nomade et demande à chaque canton de lui mettre à disposition une aire d'accueil. Ce sur quoi oeuvre Etienne Roy depuis plus de deux ans. «Quand les Jenisch ne résideront pas là, on risque de voir des Roms d'autres pays venir occuper les lieux, avec leurs coutumes et leur mode d'hygiène bien différents», s'émeut Anita Messere, présidente de l'UDC lausannoise. Elle annonce une interpellation à ce sujet à la rentrée.