AuschwitzUn instituteur vaudois choque des juifs
Un enseignant, qui avoue avoir une certaine admiration pour Adolf Hitler, a «trouvé marrant» d'être pris en photo avec une boîte de «nasi» goreng devant l'inscription «Arbeit macht frei».
Bernard Junod (34 ans) risque de se souvenir un moment de sa visite, mercredi 23 novembre, à Auschwitz, en Pologne. Ce prof d'école primaire vaudois s'y est rendu en compagnie de quelque 120 autres collègues et de 60 élèves à l'occasion d'une journée de formation continue consacrée à la Shoah organisée par la CICAD (Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation). Alors qu'il était à l'entrée de l'ancien plus grand camp de concentration et d'extermination du IIIe Reich, il a décidé de réaliser une photo décalée. Celle-ci pourrait lui coûter un blâme, voire son boulot.
C'est le journal «Le Temps» qui s'est en premier fait l'écho du cliché posté sur le mur Facebook privé de l'enseignant et candidat malheureux du Mouvement citoyens vaudois (MCVD) au Conseil national. Sur celui-ci, on aperçoit Bernard Junod hilare. «Même si je suis enseignant, j'aime encore faire des blagues d'étudiant! J'ai trouvé marrant de poser avec un emballage de nasi goreng à cet endroit», explique Bernard Junod, contacté par «20 minutes».
«Je me sens moi-même juif!»
Et de préciser: «Je ne suis pas négationniste et cette photo qui a été repérée par un journaliste du «Temps» sur mon mur Facebook n'avait rien de politique. Je suis juste un provocateur. Ma grand-mère maternelle était juive et, si elle était encore en vie, aurait sans doute trouvé l'image sympa. Je me sens d'ailleurs moi-même juif, même si je ne suis pas circoncis et si ma mère est devenue catholique. Et finalement, je me suis moqué des juifs en étant juif comme Jamel Debbouze se moque des Arabes en étant Arabe ou un Noir se moque d'un autre Noir».
Secrétaire général de la CICAD qui organisait le voyage en Pologne, Johanne Gurfinkiel explique au «Temps» ne guère goûter à l'humour de Bernard Junod et être tombé des nues: «Je suis atterré par cette photo, d'autant plus que M. Junod était un des participants à notre voyage annuel. Sur place, il m'a plutôt semblé bouleversé par la visite du camp. Je ne comprends pas ce qui lui est passé par la tête. J'ai pris contact avec lui pour lui faire part de notre stupéfaction et de la nécessité, pour lui, de s'expliquer et de s'excuser.»
Une «star» médiatique est née avec la campagne électorale en ville de Lausanne (125'000 habitants). Son nom? Bernard Junod...
Il admire le parcours d'Adolf Hitler
Jeudi en fin d'après-midi, Bernard Junod avait retiré l'image controversée de son mur Facebook et il y avait posté un message indiquant regretter une «blague de mauvais goût». Il priait les personnes offensées de bien vouloir l'excuser. Enseignant dans le canton de Vaud, il préparait aussi jeudi une lettre pour la Direction générale de l'enseignement obligatoire afin de tenter d'expliquer sa blague malheureuse. «J'ai un peu peur pour mon poste», confiait-il. «A titre personnel, je n'aime pas ce qui s'est passé et une procédure est en cours pour statuer sur son cas», a expliqué Alain Bouquet, directeur général de l'enseignement obligatoire vaudois.
A relever que Bernard Junod n'en est pas à son coup d'essai en matière d'humour «borderline». Lorsqu'il a rempli son profil Smartvote dans le cadre de ses activités politiques, le militant du MCVD avait indiqué que sa lecture préférée était «Mein Kampf» («Mon Combat», en français), d'Adolf Hitler, et que son musicien préféré était Richard Wagner, artiste apprécié aussi des nazis. Concernant «Mein Kampf», Bernard Junod a confirmé à «20 minutes» qu'il apprécie ce livre qui parle de «quelqu'un qui est parti de rien pour arriver au sommet»...