Soli Pardo n'en était pas à son coup d'essai

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«La racaille d'Annemasse»Soli Pardo n'en était pas à son coup d'essai

Quelques jours seulement avant la publication de la publicité jugée diffamatoire à l'encontre de la population frontalière, le président de l'UDC genevoise avait posté une note annonciatrice sur son blog hébergé par la Tribune de Genève.

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Le post est intitulé «Le CEVA: une voie royale pour la racaille!» Le contenu du texte mis en ligne le 1er octobre dernier, soit quatre jours avant la publication de l'encart électoral, est équivoque. Soli Pardo, président de la section genevoise du parti agrarien, n'y va pas par quatre chemins pour présenter son désaccord face à la réalisation du métro genevois. «Pour venir cambrioler un appartement à Champel, ou pour détrousser un passant à la rue du Mont Blanc pour séance tenante acheter de la drogue sur place, la pègre d'Annemasse doit aujourd'hui prendre le tram puis faire un changement ! Il y en a au moins pour 45 minutes ! Les radicaux, Verts, PDC et autres socialistes pensent à faciliter à cette populace l'accès à Genève» peut-on ainsi y lire.

Comme sur l'encart publicitaire, Soli Pardo fait l'amalgame entre frontaliers et criminalité sur un ton excessivement dur. Depuis, des voies de tous les partis se sont élevées pour critiquer ses propos. Un caucus de personnalités de l'UDC genevoise s'est réuni lundi soir. Et plusieurs députés, dont le candidat au Conseil d'Etat, Yves Nidegger, ont demandé la démission de leur président, comme l'annonçait mardi la Tribune. Côté français, l'indignation est à son comble. Le quotidien Le Dauphiné Libéré titrait «Les Haut-savoyards insultés dans une publicité suisse».

Le maire d'Annemasse va porter plainte

Reste à savoir si le maire, Christian Dupessey, va actionner la justice française ou suisse. La question est assez compliquée du point de vue juridique, a relevé M. Colomb. M. Dupessey aurait aussi pu attaquer la «Tribune de Genève» qui a publié l'encart. Il y a renoncé après s'être entretenu avec le rédacteur en chef du journal Pierre Ruetschi.

L'encart publicitaire controversé, paru lundi sur une demi-page dans le cahier région de la «Tribune de Genève», s'en prend à la ligne ferroviaire CEVA en ces termes: «Le CEVA? Un nouveau moyen de transport pour la racaille d'Annemasse! Expulsons les criminels étrangers! Ne leur offrons pas encore un accès à Genève!».

Un parti divisé

Un argumentaire que beaucoup de membres de l'UDC genevoise ne partagent pas. Le parti est divisé et nombreux sont ceux qui en veulent à son président Soli Pardo. L'avocat avait déjà été l'auteur d'une affiche controversé contre le pacs. Aujourd'hui, il refait parler de lui avec cet encart.

A l'UDC Genève, «nous ne voulions plus de cette communication faite sur un coin de table, pour éviter la pagaille lorsqu'un problème surgi», a souligné le conseiller national Yves Nidegger. Or, Soli Pardo a de nouveau agi sans consulter le parti, comme avec l'affiche contre le pacs, a-t-il regretté.

La confiance est actuellement rompue, a poursuivi M. Nidegger. L'UDC tiendra une assemblée générale le 16 octobre, entre l'élection du Grand Conseil et celle du Conseil d'Etat genevois. Certains vont en profiter pour réclamer la démission de Soli Pardo, comme le député au Grand Conseil Olivier Wasmer.

Ambilly aussi choqué

Mardi, le maire d'Ambilly (F), Guillaume Mathelier, a également réagi à la campagne publicitaire de l'UDC. Il a tenu à affirmer son soutien au maire d'Annemasse «au nom de la solidarité d'une agglomération en mouvement» et a condamné les extrémistes qui «s'arc- boutent sur des positions xénophobes et rétrogrades».

(tpi/ats)

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