«J'ai tout fait pour sauver un club ruiné»

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Faillite du Servette FC«J'ai tout fait pour sauver un club ruiné»

Le procès de la faillite du Servette FC s'est ouvert lundi devant la Cour correctionnelle de Genève. Principal accusé, l'ex-président du club grenat Marc Roger a plaidé sa bonne foi et son innocence.

Jamais, a-t-il expliqué devant le jury, il n'a eu de mauvaises intentions à l'égard du Servette. , a déclaré le Français. Marc Roger, 45 ans, s'est présenté devant la Cour aminci et sans barbe, visiblement fatigué par ses mois passés en détention préventive.

Tout perdu

«J'ai été emporté par ma passion et j'ai trop fait confiance», a poursuivi Marc Roger. Le prévenu a affirmé ne pas s'être enrichi lorsqu'il a été à la tête du club grenat. Au contraire, il aurait mis toute sa fortune dans l'aventure. Aujourd'hui, il se trouverait sans argent.

Marc Roger doit répondre de banqueroute frauduleuse, gestion fautive, faux dans les titres et escroquerie. Le Français est accusé d'avoir dépensé sans compter lors de son année de règne à la tête du plus perstigieux club de football genevois et d'avoir conduit par son comportement ce dernier à la faillite début 2005.

Carrières brisées

Lundi après-midi, plusieurs anciens joueurs du club ont défilé à la barre pour témoigner de cette période difficile. Hervé Alicarte, ancien champion de France avec les Girondins de Bordeaux, était venu au Servette plein d'espoir. «On m'avait brossé un portrait idyllique.» Le naufrage du club a brisé sa carrière.

L'entraîneur de l'époque, Adrian Ursea, a rappelé que les salaires ont été payés jusqu'en septembre 2004. «A partir d'octobre, nous n'avons plus vu la couleur d'un franc.» Désargentés, des joueurs ont été obligés de quitter l'appartement que leur payait le club pour aller habiter chez des amis.

Capitaine Karembeu

L'ancien international français Christian Karembeu a de son côté déclaré n'avoir jamais connu une situation aussi difficile de toute sa carrière. Séduit par le projet de Marc Roger, il a tenté le maximum pour remettre le Servette FC à flot. Il a même rencontré l'ancien président du Real Madrid Lorenzo Sanz.

Les avocats de Marc Roger vont tenter de démontrer pendant les 10 jours du procès que la situation financière du club était déjà catastrophique avant l'arrivée du Français. Du temps de la précédente équipe dirigeante, le surendettement du Servette FC s'élevait à plus de 12 millions de francs, a rappelé Robert Assaël.

Un trou de 17 millions

Le Ministère public reproche à Marc Roger ses acrobaties comptables afin d'enjoliver le bilan du club. «L'assainissement du Servette FC a été parfaitement fictif», a affirmé devant la Cour le procureur Dario Zanni. Au final, le trou laissé par le Français a atteint 17 millions de francs.

Marc Roger n'est pas seul sur le banc des accusés. A ses côtés se trouve l'ex-administrateur du club Olivier Maus, 67 ans. L'héritier d'une des plus grosses fortunes de Genève est poursuivi pour gestion fautive. L'avocate française Marguerite Fauconnet, 55 ans, doit pour sa part répondre de faux dans les titres.

La journée de mardi sera consacrée à l'interrogatoire du conseiller national Christian Luscher, d'Olivier Carrard et d'Alain Rolland, patron du groupe Jelmoli. Le trio a dirigé le Servette FC de 2002 - lorsque Canal Plus lui en a cédé les rênes - à février 2004, date à laquelle le club a été vendu à Marc Roger. (ats)

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