Depardieu parle de la TV: «Nikos Aliagas est un abruti»

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Depardieu parle de la TV: «Nikos Aliagas est un abruti»

Gérard Depardieu était à
La Réserve à Genève vendredi pour présenter le dernier «Astérix». Rencontre avec un «grand» qui n'a pas sa langue dans sa poche.

On l'attend froid, bourru et hautain. Il est drôle, disponible et, face à la presse romande, il défend son film, accuse la télé, dénonce la politique et salue Poelvoorde...

– Gérard Depardieu, «Astérix et Obélix aux Jeux olympiques» est-il votre volet préféré de la saga ?

– Je trouve que c'est celui qui se rapproche le plus de l'esprit de la bande-dessinée. Il est très international, à l'image des JO, qui apportent toutes ces cultures différentes. Le second volet, «Mission Cléopâtre» d'Alain Chabat, avait l'esprit Canal+ que je ne comprenais pas toujours, mais où Jamel Debbouze était éblouissant.

– Avez-vous été tenté de jouer plus de scènes avec Alain Delon?

– Je dirais naturellement non car je suis un peu feignant… (Rires.) Sinon, bien sûr que oui. Et j'imagine vraiment que César était comme Delon l'incarne.

– Jouer Obélix, est-ce comme une récréation?

– En tant qu'Obélix. oui! Je n'ai vraiment pas de questions à me poser. Sa notion enfantine est facile à défendre.

– Comment s'est passé la réalisation à deux têtes?

– Frédéric Forestier était le réalisateur sur le plateau. Thomas Langman, quant à lui, travaillait en seconde équipe, mais son art, c'est la production. Convaincre des gens de plus en plus obtus de donner de l'argent.

– Que pensez-vous du résultat?

– C'est un film comme l'époque les aime. Mais ce cinéma industriel s'essouffle et a tué tous les auteurs. Les chaînes de télévisions y sont aussi pour quelque chose: elles ont mis beaucoup d'argent dans la production. Le résultat des productions est plat, lisse…

– Vous dites que la télévision a changé le cinéma...

– Par son financement oui! Les chaînes produisent et, comme c'est leur argent, il faut que ça soit plat. Il n'y a plus de créateurs. Et regardez la télé! Cet abruti de Nikos (Aliagas)... Les mecs chantent tous pareil, il n'y a plus aucune invention. C'est nul à chier!

– Question d'audience?

– Plus il y a d'audience, plus c'est con! Selon les chaînes, c'est ce que veut la masse. Et couper la pub aux chaines publiques françaises, c'est déjà prévoir leur vente à son (Sarkozy) copain Bolloré. Cela ne me regarde pas mais ca m'amuse de le dire. (Rires.)

– Le cinéma évolue-t-il donc mal?

– Luis Buñuel ne serait même pas produit aujourd'hui! Idem pour le théâtre qui est devenu bourgeois car les metteurs en scène se branlent et ennuient le public. (Rires.)

– Que pensez-vous de Benoît Poelvoorde?

– Il est extraordinaire! C'est un poète, il vit plus que les autres et a certainement des douleurs plus grandes aussi. Mais c'est véritablement un créateur. Il en a toute l'énergie.

– Comprenez-vous la lassitude qu'il a exprimée par rapport au cinéma?

– Il peut être fatigué car c'est très rare les gens comme lui! Tout le monde lui demande quelque chose: il donne beaucoup et ne reçoit rien en échange. Ça vide. Mais au fond de lui-même, il vibre de quelque chose que les acteurs ne font plus maintenant: aller aussi loin. Les acteurs aujourd'hui sont très pépères et très bourges.

– A bientôt 60 ans, arrivez-vous encore à être épaté?

– Oui, il y a mille personnes intéressantes à rencontrer. Comme ici, en Suisse. J'ai même plein d'amis qui sont venus s'installer ici. Moi, je ne viens pas car je ne peux pas, mais vu ce qui se passe de l'autre côté! Heureusement, je voyage beaucoup. Je suis curieux de tout.

Elsa Duperray

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