Roger Federer parachève le miracle suisse

Il n'aurait sans doute voulu laisser à personne d'autre que lui le soin d'apporter de point de la victoire à son équipe. Roger Federer connaissait parfaitement sa mission et a livré la marchandise avec un calme impressionnant. Et pourtant, sans doute pour la première fois de sa carrière, le No 2 mondial a dû faire face à un public qui lui était majoritairement hostile, dans un stade Pierre-Mauroy plein à craquer et chauffé à blanc par plus de 27'000 spectateurs. Mais même l'impressionnante bronca qui a «salué» son entrée sur le court, et les huées régulières qui l'ont accompagné dans son match, n'ont pas pu perturber sa sérénité. Absolument impérial en coup droit, le «FedExpress» a offert un récital pour permettre à la Suisse de soulever la première Coupe Davis de son histoire.

Passé à côté de son sujet la veille, lors de son match en double avec Julien Benneteau, Richard Gasquet était pourtant prêt à mourir sur le court pour se racheter. Pour permettre à la France de disputer un 5e décisif et incertain. Appelé à remplacer un Jo-Wilfried Tsonga annoncé inapte au combat - supposé blessé -, le Français a d'entrée affiché un visage bien plus conquérant. Dès les premiers points, il a pu montrer à son adversaire bâlois qu'il était en mesure de rivaliser avec lui. Plusieurs somptueuses batailles de revers ont d'ailleurs marqué la partie. Combatif jusqu'au bout, le Tricolore n'a cette fois pas perdu pied, alors qu'il a souvent peiné dans les matches à gros enjeu et que cela faisait 7 ans qu'il n'avait pas joué un match du dimanche en Coupe Davis.

Mais il était écrit que le patron de ce duel serait bien Roger Federer. Malgré un point contesté par la France sur un revers croisé du Bâlois qui a flirté avec le couloir de double, la Suisse s'est offert une 1re balle de break dès le 3e jeu, qu'il a convertie par un splendide passing de défense le long de la ligne. Suffisant pour faire la course en tête en conclure avec autorité cette 1re manche, après avoir néanmoins manqué une autre balle de break à 4-2, ainsi que trois balles de set à 5-3.

La montée en puissance du leader helvétique s'est ensuite faite irrésistible, malgré les efforts de Gasquet. Federer a converti sa 2e balle de break d'entrée dans le 2e set, avant de récidiver à 4-2 en s'emparant du service du Français pour la 2e fois de la manche. Comme lors de la précédente, le Bâlois a conclu en trombe par un jeu blanc. Tout au long de sa démonstration de force, il a poussé le vice jusqu'à ne laisser aucune balle de break au Neuchâtelois d'adoption. Dans la 3e manche, «RF» a arraché le break à l'usure, alors que le score était de 2-2, puis encore une fois à 4-2. En route vers un inéluctable triomphe, il a conclu le match avec un nouveau jeu blanc, comme pour souligner la perfection de son oeuvre, avant de tomber à plat ventre sur le court. Enlacé par toute l'équipe de Suisse, Federer, les larmes aux yeux, a salué la foule avant de recevoir le trophée tant convoité.

Victorieuse de la France pour seulement la 3e fois en 15 rencontres, la Suisse remporte ainsi le Saladier d'argent pour la 1re fois de son histoire. Dimanche après-midi, les rues de Lille subiront à n'en pas douter un véritable raz-de-marée rouge et blanc, lorsque l'importante délégation helvétique célébrera comme il se doit ce succès historique.