Edimilson ne jouera peut-être jamais pour la Suisse

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FootballEdimilson ne jouera peut-être jamais pour la Suisse

Formé par le FC Sion, le prometteur milieu de terrain a fait part de son hésitation au lendemain de la défaite de son club chez le Rubin Kazan (2-0).

Keystone/

Edimilson Fernandes, qui a refusé en octobre une convocation avec la Suisse M21 de Heinz Moser, est revenu sur cette décision tandis qu'il attendait l'avion qui a ramené la délégation valaisanne de Russie. «J'avais des problèmes dans cette équipe et je dois encore choisir avec qui jouer.» Nombreuses ont pourtant été les personnes à essayer de convaincre le Sédunois, à commencer par son cousin Gelson ou encore l'ASF.

Son coach à Sion Didier Tholot avait publiquement regretté ce choix, estimant que l'expérience qu'apportent les rendez-vous avec les sélections juniors est importante dans le développement d'un joueur. Son président Christian Constantin aurait sans doute lui aussi vu d'un très bon oeil ce produit du centre de formation disputer un match éliminatoire, qui plus est en Angleterre, avec l'exposition que cela suppose. La valeur marchande d'un joueur augmente obligatoirement quand celui-ci est un international espoirs.

Mais rien à faire, Edimilson Fernandes a persisté: «Oui, j'avais des problèmes avec des joueurs de cette équipe, mais maintenant c'est bon.» Suffisamment pour répondre favorablement à la prochaine convocation? Pas si sûr, puisque le milieu de terrain, qui possède également les nationalités portugaise et cap-verdienne, hésite toujours. «Je dois encore réfléchir», confirme-t-il. Peut-être que les événements se chargeront d'opérer un choix à la place du Valaisan car, petit rappel a priori stupide mais pas inutile, avant de devoir choisir entre plusieurs équipes nationales, encore faut-il être sélectionné par plusieurs équipes nationales...

Exemple tout trouvé

Une chose semble toutefois déjà acquise, Edimilson Fernandes n'a pas eu beaucoup de suite dans les idées en repoussant l'appel de la Suisse M21. Premièrement parce que le fait de disputer cette rencontre n'aurait en rien engagé son avenir international (un joueur demeure libre de choisir tant qu'il n'a pas disputé un match de compétition avec une sélection A). Deuxièmement parce que si le fait de ne pas trouver ses coéquipiers très sympas lui suffit pour dire non à une rencontre internationale, l'espoir valaisan peut d'ores et déjà nourrir les plus grandes craintes pour le reste de sa carrière.

Quand on sait la jungle qu'est un vestiaire professionnel, où règnent le chacun pour soi ainsi qu'une concurrence sauvage et impitoyable, on se dit qu'Edimilson Fernandes ferait bien de muscler son mental. De prendre exemple sur son cousin Gelson, lequel n'aura jamais son aisance technique ni son élégance, mais qui mène une carrière que bien des joueurs suisses peuvent envier grâce à son travail, son abnégation, sa volonté et ses choix réfléchis.

Alors bien sûr, Edimilson Fernades est jeune et évoluait encore en 3e division il y a un an. N'ayant intégré le groupe professionnel qu'avec la venue de Tholot début 2015, le milieu de terrain a déjà effectué des progrès indéniables. «J'ai fait une bonne année et j'espère continuer pour devenir plus fort», estime celui qui compose avec Carlitos le coeur de l'animation du FC Sion. «J'ai changé au niveau du mental, poursuit-il. Avant, je n'étais pas très fort (dans ce domaine), maintenant c'est bon. Défensivement, je ne faisais pas ce qu'il fallait mais maintenant je le fais. Et puis je n'arrivais pas à tenir 90 minutes, maintenant oui.»

Fragilité inquiétante

La fragilité que dégage toutefois le Valaisan interdit de déjà prédire à celui-ci une brillante carrière. Car, rappelons-le aussi, mener une brillante carrière suppose forcément d'aller voir ailleurs. De quitter son club formateur, ce Valais familier et familial. Or, pour l'instant, Edimilson Fernandes ne connaît que ça.

Comment réagira-t-il à l'étranger, où la pression médiatique et populaire est autrement plus lourde qu'à Sion? Dans un vestiaire hostile et à l'ambiance tendue, où chacun luttera de toutes ses forces pour gagner sa place. Où il ne pourra plus, comme cela lui arrive encore actuellement au centre-ville de Martigny, se promener dans les rues en portant le survêtement d'un autre club, sans déclencher indignation et polémique. Car il ferait bien de réaliser rapidement qu'il n'est plus ce gosse rêvant de devenir footballeur. Il est footballeur. Et un bon, en plus! (ats)

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