Mondial de hockeyLe rêve a duré moins de quatre minutes
La Suisse a mené, mais elle a fini par s'incliner face à la Suède (1-5), en finale du Championnat du monde. Pas de regrets, même si la médaille d'argent était un peu amère.
Roman Josi a fait croire à la cohorte de supporters suisses débarqués en urgence à la Globe Arena que le miracle était possible. Mais la Suède, avec les frères Henrik et Daniel Sedin aux commandes, était quand même trop forte pour la «Nati». Deux des meilleurs joueurs de la planète n'ont pas été pas de trop pour venir à bout de ces coriaces Helvètes.
Les petits détails que les Suisses ont si bien géré jusqu'ici ont cette fois tourné en faveur de l'adversaire. Martin Gerber n'a pas réalisé le match de sa vie, là où un gardien en pleine bourre aurait peut-être pu garder son équipe dans la partie. «Ils ont égalisé, puis mis directement le deuxième. Ca leur a fait reprendre confiance, a regretté Roman Josi, nommé "MVP" du tournoi. On était toujours dans le match, mais on n'a pas réussi à mettre ce but qui nous aurait remis en selle.»
A 1-2, la sélection de Sean Simpson a en effet eu quelques chances de revenir à hauteur et là, bien malin celui qui sait ce qui aurait pu se passer. Malheureusement, c'est à ce moment que Julien Vauclair - nommé quelques secondes plus tôt parmi le meilleur cinq de ce Mondial... - a fait sa seule erreur de la compétition. L'affaire était alors entendue et les Scandinaves ont pu chausser des casques dorés et jubiler avec leurs fans. La «Tre Kronor» a brisé la malédiction de l'équipe hôtesse. L'URSS de 1986 a enfin trouvé sa suivante.
«On pensera peut-être différemment demain, mais nous sommes pour l'heure très déçus, a ajouté Josi. C'est quand même significatif pour notre hockey. Nous avions pour ambition d'aller en quarts de finale et on a réussi à aller presque jusqu'au bout. C'est dommage de s'arrêter si près. J'ai de la peine à me réjouir de mon prix de joueur le plus utile de la compétition. Comme pour notre médaille d'argent, d'ailleurs... Je pense qu'il faudra quelques jours pour me rendre compte de ce qui a été réalisé.»
Lorsqu'on a de la peine à se satisfaire d'une deuxième place, c'est que quelque chose a changé dans les esprits des Suisses. Il faut espérer que ce bond dans la hiérarchie de la discipline créera un déclic. Il serait bon que, dans une dizaine de mois du côté de Sotchi à l'occasion des Jeux olympiques, les joueurs à croix blanche affichent le même culot et les mêmes ambitions. Dans ce cas-là, les rêves les plus fous seraient à nouveau possibles.
Trois questions à Ryan Gardner.
- Pendant 50 minutes, vous avez fait jeu égal avec les Suédois.
- On est quand même un peu sortis du match... Nous étions menés et nous nous sommes trop rués sur leur but. Quand tu es mené, tu as envie d'aller les chercher plus haut et nous sommes sortis notre système. Face à de tels joueurs, ça se paye cash. Ils ont eu de l'espace et en ont profité. On s'était dit qu'il ne fallait pas prendre trop de pénalités, mais ils ont fini par profiter de notre indiscipline.
- A l'heure actuelle, vous avez des regrets?
- Je ne sais pas... Tout le monde a donné tout ce qu'il avait. Les Sedin sont des joueurs de classe mondiale et ils ont apporté beaucoup de confiance à l'ensemble de leur effectif. En avantage numérique, ils sont phénoménaux. Ils ont beaucoup de patience et savent exactement ce que va faire l'autre jumeau. Mais nous avons eu nos chances...
- Beaucoup de gens vont vous attendre à Kloten, lundi...
- Je ne pense pas à ça, je suis encore un peu dans le match. On est des joueurs de hockey et on veut gagner toutes les rencontres que l'on dispute. Perdre cette finale, ce n'est pas ce que nous voulions! On sera peut-être heureux à notre descente de l'avion, mais pas pour le moment.
Sévère.
Walker a alerté Enroth après 51 secondes seulement et Hollenstein est passé lui aussi près du 1-0 à la 5e. D'un solo dont il a le secret, Josi a ouvert le score juste après. Vexés, les Suédois ont réagi en champions. Gustafsson a égalisé à la 9e dans une forêt de joueurs et Henrik Sedin a fait payer aux Suisses l'indiscipline d'Ambühl (12e). Falth (13e) et Kronwall (27e) sont passés près du 1-3, puis Furrer, Gardner et Bieber auraient pu égaliser peu après la mi-match. A la 48e, Landeskog a chipé un puck à Vauclair et offert le break à Hjalmarsson. Eriksson (56e) et H. Sedin (57e) ont alourdi l'addition.
All star team du tournoi. Gardien: Jonas Enroth (Suède). Défenseurs: Roman Josi (Suisse), Julien Vauclair (Suisse); Petri Kontiola (Finlande), Paul Stastny (Etats-Unis), Henrik Sedin (Suède). MVP: Roman Josi (Suisse).
Eric Blum: «Pour le moment, c'est la déception qui domine. C'est encore trop frais, après cette défaite. On joue toujours une finale pour la gagner et ça fait mal. J'ai vu au cours de ce tournoi que je pouvais jouer à ce niveau. On a vécu une super compétition avec une équipe incroyable. Nous avons pris beaucoup de plaisir ensemble. Ce soir, nous n'avons pas joué 60 minutes comme nous avions pu le faire lors d'autres parties de ce Mondial. Il y a aussi eu trop de pénalités de concédées et nous avons perdu notre concentration. L'équipe a eu des chances de revenir à hauteur, mais nous avons encaissé des buts à des moments importants.»
Reto Suri: «Pour l'instant, je n'arrive pas à me réjouir. Nous venons de perdre la médaille d'or. Dans les prochaines heures, les prochains jours ou les prochaines semaines, nous réaliserons ce qu'on a fait pour tout un pays et pour le hockey suisse. C'est magique ce que nous avons effectué avec cette équipe. Mais pour l'instant, c'est la déception qui domine.»