«J'ai fait une connerie et je l'ai échappé belle!»

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Hors-piste«J'ai fait une connerie et je l'ai échappé belle!»

Le freerider Nicolas Falquet a failli mourir le mois passé sous une avalanche, en Valais. Le Vaudois explique s'en être sorti vivant grâce à un système d'«airbag des neiges».

Grégoire Corthay
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Grégoire Corthay

Le samedi 11 décembre 2010, Nicolas Falquet (32 ans) a eu la frayeur de sa vie alors qu'il skiait avec son frère Loris (30 ans) et le jeune Valaisan Jérémie Heitz (21 ans).

«Après avoir consulté des cartes météo, nous avons décidé de nous rendre sur le domaine de Lauchernalp, dans la vallée du Lötschental. On skiait pour nous, juste pour le plaisir. Sans caméra, sans pression. On voulait juste s'éclater et faire du dénivelé. On ne connaissait pas cette station et on a découvert un endroit vraiment cool, tout se passait bien jusqu'en début d'après-midi…», explique le freerider professionnel.

Drame à 3000m d'altitude

«Après avoir déjà skié plusieurs heures, on était au sommet d'un couloir à environ 3000 mètres d'altitude. C'était difficile d'estimer la qualité du manteau neigeux et le risque de s'y engager. Le danger d'avalanche était de 3 et on avait conscience qu'il fallait dès lors faire preuve de prudence», poursuit Nicolas Falquet.

«J'ai décidé de m'élancer en premier dans ce couloir jusqu'alors immaculé. J'ai fait la première trace sans m'attarder, en skiant hyper vite, une façon de limiter les risques. Loris et «Gamin» (le surnom de Jérémie Heitz) ont suivi. Deux autres freeriders locaux ont également descendu ce couloir après nous, à un rythme moins intense que le nôtre, en enchaînant des virages courts», précise l'amateur de glisse.

«A ce moment, je me suis dit que j'allais le payer cher!»

«Avec Loris et «Gamin», on est remonté une deuxième fois au sommet de ce couloir qui nous plaisait bien. Je suis cette fois parti en troisième après mes deux compères. C'est alors que le drame s'est produit. Je m'étais à peine engagé que j'ai senti que ça partait. Après un premier virage à gauche, tout s'est mis a bougé comme si on retirait un tapis sous mes pieds! J'ai aussitôt déclenché mon airbag. Il s'est gonflé en quelques secondes. Mais, j'ai toutefois violemment tapé des rochers avec les genoux et là, je me suis dit que j'allais payer cher…»

«J'ai alors été emporté, maintenu en surface de l'avalanche grâce à mon airbag (explication de son fonctionnement dans l'encadré ci-contre). Cela n'a pas pour autant été un moment de plaisir. Ce n'était pas une descente tranquille comme sur une bouée d'Aquaparc mais plutôt une chute interminable comme dans une machine à laver! Avec en prime le sentiment de na pas savoir quand cela allait s'arrêter! J'ai notamment franchi une barre de rochers de 5-10 mètres de haut. Je me suis finalement arrêté la tête à la surface d'une avalanche de 5 mètres d'épaisseur.»

«J'ai vomi de la neige»

«J'étais couché sur le côté. J'avais juste un bras enseveli à cause de mon bâton bloqué par la neige. J'ai secoué la tête, vomi un peu de neige et j'ai constaté que je m'en étais sorti sans trop de mal! Au final, je ressentais juste une douleur au genou droit qui avait bien morflé durant ma chute. Il a été coupé assez profondément, de la peau avait été arrachée. On voyait l'articulation…», note le Vaudois.

«Je ne sais pas vraiment ce qui a déclenché la coulée qui m'a emporté mais c'est clair que j'ai fait une connerie et que je l'ai échappé belle. Le système d'airbag que j'emporte lors de mes sorties m'a sauvé la vie! Cela a été une belle démonstration de l'efficacité de cet élément de sécurité!»

«J'ai cru que mon frère allait y rester»

«Avec Jérémie, on a dû être plus choqués que lui! Je venais de finir mon run quand j'ai vu toute la face descendre! Je me suis dit que si Nicolas était dedans et qu'il na'avit pas enclenché son airbag: soit il était mort soit j'allais hériter d'un frère handicapé à vie!», explique, de son côté, Loris Falquet.

«Le temps qu'a duré l'avalanche m'a paru interminable. Ce n'est que lorsque le nuage de neige s'est estompé, après peut-être 1 minute 30, que Jérémie a aperçu les sacs oranges de l'airbag de Nicolas. On a alors vu qu'il bougeait. Lorsqu'on l'a rejoint, on a constaté avec soulagement qu'il était presque indemne!»

Héliporté à l'hôpital de Viège, Nicolas Falquet y est resté 3 jours. Mis sous antibiotique pour éviter une infection, son genou a été draîné. Le Vaudois a pu rechausser les skis le week-end passé, après 3 semaines de convalescence. Il explique avoir remis les lattes «avec une certaine appréhension au début mais sans pour autant être traumatisé au point de voir désormais des avalanches partout».

Un système qui a fait ses preuves

Ce système avait déjà sauvé le snowboarder Xavier de Le Rue. Le 29 mars 2008, le Français fait des prises de vue en Valais, dans le massif du Châtelet, à l'extrême limite du massif du Mont-Blanc. Pris dans une avalanche, il déclenche son sac ABS (pour Avalanche Airbag System, le concurrent du Life Bag suisse), avant d'être emporté par une immense vague de neige.

Témoignage d'un snowboarder pris dans une coulée

Le modèle suisse Life Bag de Snowpulse

«Nomads» des frères Falquet

Best-of NOMADS from Loris Falquet on Vimeo.

Il s'agit d'un élément de sécurité supplémentaire

«Notre produit permet d'augmenter de façon importante les chance de survie en cas d'avalanche. Depuis 2007, nous avons eu 27 cas reportés de personnes qui ont utilisé ce produit de façon positive. Il s'agit seulement des cas pour lesquels nous avons reçu un rapport. Il doit en avoir bien davantage», explique Pierre-Yves Guernier, directeur technique de la société valaisanne Snowpulse SA, dont le siège est basé à Verbier et qui a comme ambassadeurs les frères Falquet et Jérémie Heitz.

«Nous insistons toutefois sur le fait que le Life Bag n'est pas infaillible et qu'il doit être considéré comme un élément supplémentaire de la panoplie que devrait avoir tout amateur de hors piste. Le fait d'être équipé d'un système airbag comme le nôtre ne doit pas être être considéré comme un blanc-seing pour aller faire du hors piste sans aucun risque»

Comment ça marche?

Techniquement, ses concepteurs expliquent que les sacs Snowpulse comportent un airbag intégré dans les bretelles, ainsi qu'une cartouche d’air comprimé localisée dans le sac à dos. En cas d’avalanche, l'airbag se gonfle en 3 secondes par traction d’une poignée ergonomique. Une fois gonflé, celui-ci favorise la protection de l’utilisateur contre les chocs et grâce au phénomène physique de ségrégation inverse, il ramène la victime à la surface de l’avalanche. Le principe physique de la «ségrégation inverse» démontre que dans un fluide en mouvement, les grosses particules, à densité équivalente, se retrouvent à la surface de celui-ci après un certain temps.

L'airbag augmente le volume de la victime tout en diminuant sa densité, ce qui a pour effet d’améliorer sa flottaison. Des tests avalanches effectués avec des mannequins de 90Kg ont également permis de montrer le rôle que joue la position de l’airbag par rapport au corps de la victime. Il a été constaté qu'un airbag situé autour de la tête et sur le thorax favorise une position tête en surface et sur le dos, limitant ainsi grandement l’enfouissement du visage de la victime.

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