
Faites vos propres probabilités, mais tout résultat inférieur à 99% ne décrira pas assez bien les chances qu’a l’équipe de Suisse de se qualifier pour le Mondial 2026. La victoire 4-1 contre la Suède samedi à Genève constituait l’essentiel de sa mission, sachant que la validation définitive du ticket transatlantique dépendait aussi du score du Kosovo en Slovénie. Le succès 0-2 du premier nommé sert surtout à entretenir un semblant de suspense avant la dernière journée mardi.
Reste qu’en termes de scénarios improbables, il va bien falloir choisir les mots. La Suisse n’est donc pas encore qualifiée pour la Coupe du monde. Mais elle l’est, parce qu’elle ne peut pas perdre avec six buts d’écart au Kosovo. Ou alors elle vivra la plus grande désillusion de son histoire. Elle ne voyagera pas avec la peur dimanche vers Pristina, mais juste avec un sérieux qu’elle n’aurait pas emmené autrement.
Il n’empêche que très vite, peut-être, la Suisse a su qu’elle devrait aller mardi à Pristina pour décrocher sa qualification. La faute à ce but kosovar précoce qui disait ce qu’il veut bien dire: le Kosovo n’avait pas prévu de lâcher du lest avant la dernière journée.
L’équipe nationale a semblé apporter une réponse positive rapidement. Parce qu’elle a eu l’ambition de contrôler le jeu, avec un Granit Xhaka qui donnait de la voix pour le diriger, assisté au milieu de terrain de Michel Aebischer, logiquement choisi pour pallier l’absence de Remo Freuler. L’ouverture du score n’avait d’ailleurs pas traîné, avec Dan Ndoye touché côté droit et qui pouvait adresser un bon centre en retrait pour Breel Embolo (12e).
Mais cette maîtrise stérile et parfois un peu stéréotypée, avec peu de jeu combiné et surtout trop de réelles occasions (juste cette tête trop peu dangereuse d’Embolo à la 31e), ne protégeait de rien. Et même en crise, même sans repères vu l’arrivée récente du nouveau sélectionneur Graham Potter, même sans Gyökeres, Bergvall, Lindelöf (blessés), ni Isak (en reprise, laissé sur le banc au départ), la Suède n’était pas à négliger.
Pour preuve: ce numéro d’Elanga côté gauche, qui centrait. Mal repoussé par Rodriguez, le ballon arrivait droit sur Nygren qui allumait un Kobel à la main très friable (32e). Le premier but encaissé par la Suisse dans cette campagne de qualification devait tomber là.

Il a valeur d’anecdote, au final. Parce que l’équipe nationale a un petit peu forcé son destin et contraint l’arbitre à lui accorder un penalty à l’heure de jeu, quand Embolo a profité d’une passe en retrait mal ajustée de Gudmunsson vers son gardien Johansson pour passer juste devant ce dernier et provoquer le contact décisif pour l’arbitre. Comme en Suède en octobre, c’est Xhaka qui s’est décidé à le transformer (60e).
C’est d’une certaine manière ce qu’il manquait pour se libérer. Il fallait simplement le troisième pour assurer le coup. Embolo aurait dû y parvenir dans la foulée du 2-1, mais sa frappe était déviée de la tête par Johansson. C’est finalement le presque local de l’étape Dan Ndoye qui s’en est chargé. Sur un joli mouvement côté gauche initié par Xhaka et poursuivi par Vargas, l’ailier de la Côte frappait fort du gauche. Un tir croisé suffisamment dévié pour tromper le portier suédois (75e).
Et puis, le vrai local Johan Manzambi a parachevé tout cela d’un superbe numéro dans la surface à la 94e minute. Il s’agit déjà du troisième but en sélection du Genevois.
Il aurait été joli que cette victoire suffise à envoyer l’équipe nationale au Mondial. Parce que la Suisse romande n’a jamais vraiment fêté de qualification en direct, et la belle ambiance de la Praille (26458 spectateurs annoncés) l’aurait mérité. Qu’importe, le public a eu le droit de célébrer comme si tout était déjà fait. Parce que franchement, cette Suisse ne nous trompera pas mardi. Ou alors on ne saurait l’excuser.

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David Stojilkovic est pigiste au sein du 20 minutes depuis 2025. Passionné par le sport en général, il suit avec beaucoup d'attention le football, le tennis et le hockey sur glace notamment.
Valentin Schnorhk (vsc) est journaliste à la rubrique sportive depuis 2021. Il suit particulièrement le football et s'intéresse de près à l'analyse du jeu.