Crise énergétiqueGenève baisse le chauffage pour éviter la pénurie
Le Canton a annoncé une série de mesures au sein de l’administration publique. Les communes, les entreprises et le secteur de l’immobilier suivent l’exemple.
Après l’Hôpital cantonal, c’est au tour du gouvernement genevois de prendre des mesures d’économie d’énergie. La task force, créée début septembre à cet effet, a présenté mercredi son plan d’action. Celui-ci se déploie sur quatre axes: le Grand État (administration et régies publiques), les communes, les entreprises et les particuliers. «Le gros morceau, ce sera le chauffage», a annoncé d’entrée de jeu Antonio Hodgers, à la tête du Département du territoire.
20 degrés maximum à l’État et dans les écoles
Ainsi, le lancement du chauffage dans les bâtiments administratifs sera repoussé de deux semaines, soit au 15 octobre, et atteindra un maximum de 20 degrés contre 23 habituellement, y compris dans les écoles secondaires - et 17 degrés dans les salles de sport. Au sein des hôpitaux et des EMS, la température ne dépassera pas les 23 degrés. Le chauffage sera aussi réduit dans les transports publics.
Autres mesures marquantes: la fin de l’eau chaude dans les locaux gérés par l’État, la suppression de l’éclairage nocturne des bâtiments administratifs et la réduction des lumières sur les sept routes cantonales. Enfin, les chauffages d’appoint seront formellement interdits et un travail sera fait pour optimiser les chaufferies. «Cette action est peut-être la moins visible, mais sûrement la plus efficace», a insisté Fabienne Fischer, chargée de l’Économie. Ces mesures prennent effet dès à présent et sont vivement recommandées aux établissements publics autonomes (TPG, SIG, IMAD, etc.).
Les communes s’alignent
De leur côté, les communes appliqueront les mêmes actions. Seul l’avenir de l’éclairage public nocturne et des installations sportives (patinoires éphémères et bulles de tennis, notamment) doit encore être discuté par l’Association des communes genevoises (ACG), en fin de semaine. Les autorités communales ont toutefois décidé de maintenir les illuminations de Noël. «Mais celles-ci seront probablement de plus courte durée», a indiqué Gilbert Vonlanthen, président de l’ACG.
Les entreprises s’alignent également en matière de chauffage. Concernant l’extinction des vitrines la nuit, l’Union des associations patronales, qui regroupe plus de 30’000 sociétés, «le recommande vivement à ses membres, mais cela pose une problématique au niveau sécuritaire, notamment dans l’hypercentre. Ceux qui peuvent se le permettre participeront à l’effort collectif», a indiqué son président Pierre-Alain L’Hôte.
Éviter les abus des habitants
Pour les particuliers, c’est le chauffage qui est visé. Aucun report de l’allumage n’est prévu, car «la plupart des régies le lançaient déjà à la mi-octobre, relève Philippe Angelozzi, secrétaire général de l’Union suisse des professionnels de l’immobilier (USPI Genève). En revanche, les chaudières vont être optimisées pour éviter les abus. Avant, certains montaient jusqu’à 25 degrés. Ce ne sera plus possible.» Sans donner de température maximum, ce changement permettra quand même aux plus frileux de rester au-dessus des 20 degrés, sans tomber dans l’excès. «Nous serons également très attentifs aux personnes âgées et aux anciens immeubles, mal isolés. Cela se fera en bonne intelligence», a relevé Alberto Velasco, président de l’Asloca.
Une communication sur les bons gestes à avoir devrait aussi être faite auprès des locataires. Comme «mettre une petite laine à la maison», a conclu Mauro Poggia, conseiller d’État chargé de la Santé. Au total, 20% d’énergie pourraient être économisés grâce à ce programme, qui constitue «un sacrifice modeste», selon l’élu MCG.